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Apprendre à s’aimer pour se faire respecter, c’est difficile mais possible
Crédit: Annie Nonyme

J’ai eu une enfance heureuse avec des parents plus qu’aimants. J’ai été choyée et adorée par tous les adultes qui ont fait partie de ma jeunesse. J’ai été soutenue et supportée tout au long de ma jeune vie. Il faut croire que ce n’était pas assez.

Déjà vers 8 ou 9 ans, j’ai commencé à me détester. Je ne voulais pas être moi, je voulais être la petite fille d’à côté. Je n’étais jamais assez belle ou cool à mes yeux. Je considérais que mes pairs ne m’aimaient jamais assez et je vivais dans une crainte oppressante que mes amies me rejettent. Une peur intense qui générait énormément d’anxiété dans mon petit corps prépubère. Déjà à cet âge, j’étais prête à tout pour un regard approbateur de la part de l’autre. L’autre étant d’abord mes petites copines de l’époque, pour ensuite devenir beaucoup plus tard mon conjoint.

Celles qui ont croisé ma route d’enfant ont utilisé cette vulnérabilité contre moi, les hommes de ma vie aussi. Si je regarde derrière moi, je ne peux que constater que je recrée avec mes partenaires cette relation bourreau-victime que j’entretenais avec mes petites amies d’école. En effet, ces relations n’étaient qu’une prémisse de ce que je vis maintenant dans mes relations « d’adultes », au sein desquelles je suis motivée par un insatiable besoin d’approbation au nom duquel j’ai enduré des mots qui font mal, du harcèlement et beaucoup de manipulation.

La trame de fond de ces relations malsaines est un cercle vicieux que j’entretiens moi-même; je me hais parce que je me laisse traiter comme de la marde, et je me laisse traiter ainsi parce que je me hais. Je justifiais ma problématique en me répétant inlassablement que tout était de ma faute: « Je suis trop sensible, trop vulnérable, trop gentille, trop grosse, trop laide pour être traitée avec respect. De toute façon, comment puis-je oser exiger le respect si je ne me respecte pas moi-même? Ces mots et ces pensées, je me les inflige d’abord à moi-même; je suis donc la seule responsable. Je ne peux que porter le fardeau de ma détresse, car j’en suis la créatrice. Je suis la méchante de mon histoire, et donc le problème m’appartient. Il est né de la haine que j’éprouve envers moi-même et se nourrit du dénigrement incessant dont je suis l’objet en étant mon propre bourreau ». Ce disque rayé a joué dans ma tête des millions de fois. 

Jusqu’à ce que, suite à un épuisement professionnel, j’entreprenne une thérapie. J’y ai tranquillement compris que non, je n’étais pas responsable. Que je méritais d’être traitée avec la même gentillesse que j’offre aux autres. Ma sensibilité n’est pas une faiblesse, ma vulnérabilité ne donne pas la permission aux autres d’être irrespectueux envers moi.

Avec l’aide de ma psychologue, j’ai décidé de travailler sur moi, pour apprendre à me défendre et à exiger le respect. J’ai choisi de parcourir ce chemin parsemé d’embûches en compagnie de mon conjoint, en travaillant sur notre problématique à partir de ma force intérieure. Parce que malgré tout, je me sens aimée de mon homme, qui me le démontre parfois mal. Parce qu’à travers la brume de ma détresse psychologique, il y a ces moments de bonheur intenses au cours desquels tout semble parfait. Quand tout le petit clan est de bonne humeur et que le rire des enfants résonne dans mes oreilles jusque dans mon cœur, je m’accroche en espérant qu’ils perdureront indéfiniment. C’est ce qui me donne la force de persévérer pour ma famille, mon couple, et aussi pour moi.

Quelles répercussions la mauvaise estime personnelle a sur votre vie?

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