Je n’ai jamais regardé de pornographie. Genre un vidéo sur Internet ou un vrai film de fesses. De la pornographie au sens commun du terme. J’ai déjà attrapé par hasard un bout d’émission érotique dans le temps où ça jouait encore en fin de soirée sur certains postes de télé ou en zappant devant la télévision dans une chambre d’hôtel. Mais aucune porn réelle. Un gros plan sur un couple en pleine action, ou sur du bon vieux intercourse de base ainsi que toutes les déclinaisons sexuelles possibles.
Il faut dire que j’ai été élevée dans un milieu religieux, où ce genre de choses n’était ni bien vu ni encouragé. Plutôt diabolisé, même. Mais même après que je me sois complètement détachée de ce milieu et de son influence, je n’ai jamais succombé à l’attrait du sexe en ligne. Avec le peu que j’ai vu et à partir de ce qu’on m’a dit, j’ai toujours pensé que c’était une industrie faite par les hommes et pour les hommes. Qu’il y avait vraiment beaucoup de fake là-dedans, voire de la violence, parfois. Je me disais qu’il n’y avait pas grand-chose pour moi là. Et même potentiellement des images pas nécessairement agréables que je ne pourrais plus m’enlever de la tête après.
Avec une esthétique que je n’apprécie pas particulièrement, d’après les images entrevues.
Et honnêtement, en tant que femme, encourager une industrie qui, la plupart du temps, met au rang d’objet (encore) le corps de la femme, la mettant souvent dans des positions avilissantes, j’ai vraiment de la misère avec ça.
Bon, je sais, vous allez me dire que la pornographie a beaucoup évolué depuis, que maintenant il y a de tout, il y a de la diversité corporelle et de la vidéo maison, et qu’il y a moyen de trouver des images pour tous les goûts. Que c’est une bonne chose que les femmes s’affirment plus dans leur sexualité et dans la recherche du plaisir, que ce soit moins tabou en général, et que beaucoup de femmes aiment, elles aussi, la pornographie. Soit. Je n’ai pas de problème avec ça. Je suis même plutôt d’accord.
Mais plus je me renseigne sur le sujet, plus il me semble que c’est d’abord et avant tout une industrie où ce sont les hommes qui tirent les ficelles et qui font de l’argent. Où on se soucie toujours plus de montrer l’image la plus hardcore possible, du point de vue de l’homme, au détriment du (vrai) plaisir féminin, de l’amour et de la rencontre entre deux êtres. Vous allez me dire : « mais pour ce genre d’image, il y a le cinéma! » Peut-être, mais les scènes d’amour avec juste le bon dosage d’érotisme et d’affection, avec, pourquoi pas, soyons fous, un vrai consentement, ne pullulent que très peu.
Alors pour le moment, j’ai décidé que je n’avais pas besoin de ça dans ma vie. Peut-être que je manque quelque chose, comme de découvrir des nouvelles pratiques sexuelles variées et excitantes. D’ailleurs, je salue les initiatives de créer des sites de porno dits « féministes », où on relaie du contenu un peu plus intéressant et pertinent pour les femmes. Peut-être que j’irai faire un tour éventuellement. Mais maintenant, je me contente de comptes Instragram soft sexu, et de nouvelles érotiques captivantes écrites par des auteur.e.s d’ici.
En fin de compte, mes images de sexe à moi, elles sont toutes belles*. Elles se rapportent surtout à ma propre expérience, où mon chum et moi, on s’aime de façon égalitaire, où on se consacre tous les deux au plaisir de l’autre, en respectant nos limites, en explorant nos fantasmes. Où la communication, le respect et l’amour règnent. Où on découvre des nouvelles choses par nous-mêmes, en se laissant guider par nos préférences, nos désirs et nos envies. Ensemble. C’est très agréable. Et vraiment très beau.
*J’ai conscience que certaines personnes n’ont pas eu les mêmes chances que moi et ont vécu des violences sexuelles. Je les soutiens et leur souhaite maintenant des images de beau et de doux de la sexualité. Dans leurs écrans. Mais surtout dans leur vie.