Dans un sketch des Appendices, groupe d’humour absurde, on entend le cri d’un animal imaginaire qui va comme suit : « J’fatiguééé, j’fatigué mais j’t’en forme! » Ce cri, aussi insignifiant qu’il puisse paraître, je l’ai adopté sur-le-champ, car il représente bien l’état mental dans lequel je me retrouve trop souvent.
Fatiguée, mais pas nécessairement physiquement, fatiguée mentalement. Comme dans épuisée d’avoir le cerveau éternellement à on pour écouter, répondre, réconforter, expliquer, intervenir…
Pas que je n’aime pas être présente pour mes enfants, au contraire. C’est juste que parfois, le disque dur ne fournit pas. Les jours où on a l’impression d’avoir le cerveau en Jell-O et qu’il faut quand même avoir réponse à tout, être attentive, réceptive, alors qu’on rêve d’aller se coucher pour se reposer les neurones. Ces jours-là, je la sors, la fameuse phrase des Appendices. Pour envoyer un message subliminal qui dit que j’ai beau être là devant eux, je ne suis pas 100 % disponible dans ma tête parce que j’ai mes propres préoccupations. Ça ne fait pas l’affaire des enfants d’entendre ça, mais ça peut parfois éviter de perdre patience parce qu’on ne respecte pas nos limites.
On parle beaucoup ces jours-ci de la charge mentale, ce concept qui décrit la responsabilité du parent qui doit penser à tout. La fatigue mentale le recoupe, mais se différencie en ce sens qu’elle n’est pas nécessairement reliée à ce qui doit être fait, mais plutôt à la disponibilité mentale qu’exige le rôle de parent. Qui aurait parfois envie de s’accrocher une pancarte « Out of order » dans le cou, mais qui se retient à deux mains par amour pour sa progéniture.
Les mille et un « pourquoi? » de nos marmots, leurs histoires sans fin qu’ils se font une joie de nous raconter, leurs confidences, leurs inquiétudes, leurs besoins d’un coup de pouce en maths ou en français, bien sûr qu’ils font partie de la parentalité, et la plupart du temps, nous les accueillons avec ouverture et bienveillance. Mais les jours où ça ne feel pas trop pour des raisons qui nous appartiennent, de le communiquer avec une phrase comique ou de l’exprimer bien franchement ne fait pas de nous un mauvais parent. Juste un parent qui est fatigué, mais en forme!
Arrivez-vous à dire à vos enfants que vous êtes fatigué.e.s mentalement?