Le sentiment de solitude lorsqu’on est jeune maman, quel beau paradoxe! Jamais seule et pourtant, si souvent isolée. Bébé a beau être omniprésent dans notre vie, on a parfois l’impression d’être coupée du reste du monde, seule dans notre bulle de lait maternel ou maternisé, à babiller à longueur de journée.
Je me souviens à quel point j’avais hâte que mon chum rentre certains soirs, juste pour pouvoir parler à un adulte. Pas au téléphone cinq minutes pendant la sieste, en se grouillant parce que la liste de choses à faire est longue comme le bras, une vraie conversation là! Face à face, avec des phrases complètes, prononcées sans mille points d’exclamation sur un ton trop enthousiaste qui rappelle vaguement une comptine. Discuter avec un semblable pour se rappeler que notre univers ne se limite pas à une pile de couches et des compresses d’allaitement. Parler et entendre des mots en retour, pas seulement des sons.
C’est à cette époque que je me suis mise à écouter la radio dès que le sommeil de mon poupon me le permettait. Je voulais être au courant de tout pour casser cette sensation de ne plus faire partie de la vie active, alors que je n’avais pourtant plus une minute à moi. C’est pesant, à la longue, cette impression d’appartenir à un univers parallèle qui n’est pas relié au monde extérieur. Je voulais encore être dans la game, pas me sentir exclue à cause de mon bébé. Il faut dire qu’en ces temps déjà lointains, les réseaux sociaux n’existaient pas, mais tout de même, je suis convaincue qu’encore aujourd’hui, bien des mères ressentent cet isolement.
Pour briser cette spirale étouffante qui affectait de plus en plus mon moral, je me suis obligée à sortir de la maison. Je me suis inscrite à un atelier qui s’intitulait « Y’a pas de parent parfait », offert par le CLSC de mon quartier. J’y ai rencontré d’autres jeunes mamans qui vivaient la même réalité que moi et donc qui me comprenaient sans que j’aie besoin de me justifier. Ça m’a fait un bien fou!
Quand quelque chose cloche dans notre vie, on a souvent tendance à penser qu’on est les seules à qui ça arrive. Or, quand on s’ouvre et qu’on partage, on constate bien souvent que c’est loin d’être le cas. Et ça, c’est très rassurant et déculpabilisant.
N’attendez pas de toucher le fond pour sortir de votre bulle, aussi douillette soit-elle, d’accord?