Ici, nous avions déjà une petite tendance au scénario catastrophe alors, depuis que nous avons un enfant, nous pouvons tenir des conversations comme celle-ci :
« – J’avais oublié que tu avais du hockey. Alors, quand je t’ai appelé et que tu ne répondais pas, j’étais vraiment inquiète! Je pensais que tu avais eu un accident…
– Ben moi, quand j’ai vu que tu m’avais appelé pendant mon hockey, j’étais vraiment inquiet. Je pensais que vous étiez à l’hôpital! »
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Chaque fois que nous lisons que quelque chose est arrivé à un enfant, nous nous mettons en mode projection. Et si ça avait été le nôtre? Nous voudrions tellement le protéger de tous les accidents, de toutes les maladies, et de tout ce qu’il y a de pire.
Depuis l’histoire très médiatisée du père qui a oublié son enfant dans sa voiture, j’ai développé une nouvelle peur. Je suis plutôt distraite dans la vie, mais, bien sûr, je ne peux concevoir que je pourrais oublier mon enfant! Et pourtant… Ce texte d’Annie-Pier résume vraiment bien le cheminement intellectuel qui m’a amenée à me questionner.
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Lors d’une de mes premières journées de retour au travail, j’étais assise dans la salle de réunion avec mes collègues. J’étais heureuse d’être là, mais un grand doute assombrissait mon esprit.
Et si j’avais oublié d’aller mener le petit à la garderie?
J’ai passé tout l’après-midi à me remémorer le moment dans ma tête. Ce que mon fils portait ce jour-là, ce que les éducatrices avaient dit lorsqu’il était arrivé, le moment où j’avais eu peur d’être en retard au travail et que j’avais regardé l’heure dans la voiture, les pleurs de mon bébé qui n’était pas habitué de me voir partir, les bras qui l’avaient accueilli pour le réconforter.
Je me rappelais chaque détail pour me convaincre que le moment avait bien eu lieu, que j’avais bien laissé mon enfant entre de bonnes mains, mais j’avais peine à me croire.
J’en ai parlé à mes collègues. L’une a adopté une attitude empathique, l’autre me dévisageait avec jugement, une troisième me disait d’appeler à la garderie pour subtilement savoir comment ça se passait.
J’ai continué de me raconter chaque détail. J’ai mis mon angoisse sur le dos de la nouveauté. C’était une des premières fois que j’étais séparée de mon enfant, c’était sans doute normal que ça soit douloureux.
Se sentir incomplète, loin de notre bébé.
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Depuis quatre mois, chaque jour, je rejoue dans ma tête le moment où j’ai été porter mon enfant à la garderie. Quelles éducatrices étaient là? A-t-il pleuré? Que faisaient les autres enfants quand nous sommes arrivés?
Chaque fois que je sors de ma voiture, je marche quelques pas vers le travail et je reviens pour vérifier que le siège arrière est vide.
Je ne sais pas trop si c’est sain, mais ça m’aide à me rassurer. Cette nouvelle habitude est un peu épuisante, mais elle agit comme un filet de sécurité. Je me dis que si je suis capable de me raconter le moment où j’ai laissé mon fils à la garderie, c’est qu’il est bien là, avec des gens dévoués qui s’en occupent.
J’espère que je garderai ma vigilance, tout en diminuant l’angoisse qui l’accompagne. J’espère juste que jamais ma personnalité distraite ne se rendra à me faire oublier mon enfant quelque part.
Avez-vous développé ce genre de pensées vous aussi?