Pour lire la première partie de l’entrevue, c’est par ici.
Stéphanie Watt est une jeune femme à qui l’expérience de la maternité a donné envie de s’engager politiquement. Quand son fils avait 6 mois, elle a pris sa carte de Projet Montréal et elle s’y implique depuis activement. Rencontre avec cette maman féministe, engagée pour faire de Montréal une ville accueillante pour tous.tes.
Selon toi, à quoi ressemblerait une ville aménagée pour les familles?
Il y aurait plus d’espaces intergénérationnels, où il fait bon être un enfant, et où il fait bon être un adulte aussi. Je pense à des projets comme Le Village au Pied-du-Courant, Les Jardineries ou le Marché des possibles, ce sont des lieux où on peut s’asseoir, prendre un verre, pendant que les enfants jouent : tout le monde y trouve son compte. Ces lieux-là sont trop peu nombreux, il faut qu’il y en ai plus.
Crédit : Les Jardineries/Facebook
Parfois, il y a des détails dans l’aménagement qui font toute la différence. Une toilette pour enfants dans une bibliothèque. Deux niveaux de rampes dans des escaliers qui permettent aux petits, et pas seulement aux grands, de bien se tenir. Je ne sais pas pourquoi on n’ajoute pas systématiquement des aménagements pour les enfants à Montréal, dans les transports collectifs par exemple. Les enfants sont là, ils ne partiront pas!
Peut-être est-ce parce qu’on a pas assez fait appel à l’expertise des mères, des parents, pour réfléchir comment organiser l’espace urbain. Pourtant, la question de l’organisation de la vie domestique et des pratiques quotidiennes, elles sont importantes, elles relèvent du public elles aussi. Il faut plus de mères en politique!
Est-ce que ton enfant te suit dans tes implications? Qu’aimerais-tu lui transmettre de cette flamme qui t’anime?
Au départ, mon engagement était vraiment un moment pour moi, où j’avais besoin d’aller sans lui, pour exister à l’extérieur de mon rôle de mère, en tant que femme et citoyenne. Maintenant, avec les réunions politiques qu’on a la maison, moi qui en parle beaucoup, on peut dire qu’il baigne dedans!
Comme je le disais, ce que je veux, c’est que mon fils sente qu’il a « droit de cité ». Il est encore petit, mais je veux qu’à 5 ans, 6 ans, il sache qu’il peut exprimer ses idées, que son expérience compte, et qu’il a le droit d’être entendu. Il faut qu’il y ait plus de gens aux tables de décisions qui soient prêts à entendre les enfants, les ados, les personnes âgées, les personnes qui vivent avec un handicap, les personnes immigrantes, les sans-papiers. Il faut que tous ces gens sentent qu’ils ont droit de cité.
Comment arrives-tu à concilier famille et engagement politique?
C’est pas facile! (rires) J’ai la chance de pouvoir travailler à temps partiel, la garderie aide aussi énormément. Je reçois un immense soutien de mon mari et de mes parents. Mais c’est certain, je vois moins mon enfant qu’avant, ça fait partie de ce choix de m’impliquer. J’établis des règles que je respecte : pas plus de deux soirs de réunion de suite, ou encore, mes mercredis avec mon fils sont sacrés.
Je dois dire aussi que dans mon lieu d’implication, Projet Montréal, il y a beaucoup de parents de jeunes enfants. On s’entraide, on se comprend. Ça fait du bien de sentir qu’on fait équipe, pas juste politiquement, mais aussi par rapport à nos vies familiales.
Merci Stéphanie et bonne chance pour la suite!