J’écris ce billet en partie enfermée dans la salle de bain. Je fais semblant de devoir aller à la toilette, mais en réalité, j’ai simplement besoin de souffler deux minutes, de ne plus rien entendre.
Parce que depuis des mois, tout ce que j’entends, c’est « Maman! Maman? Maman! Mamaaaannnn! »
Ce petit mot si doux que j’ai longtemps rêvé d’entendre avant d’avoir des enfants. Le plus poétique de la langue française, diront les grands rêveurs, les romantiques.
Je dois vous avouer qu’il y a des soirs, ce mot, je le balancerais à la poubelle.
Pas que je n’aime pas mes filles. Tellement pas! Je donnerais ma vie pour elles. Mais quand une intervention commence par « Mamaaaaannnnnn… », surtout entre 17 h et 19 h, généralement c’est le début de la fin. Je sais qu’il n’y aura pas grand-chose d’autre qu’une escalade de mots entre les deux sœurs qui feront tout pour attirer mon attention un peu plus que l’autre, comme une guerre pour gagner mon amour qui, anyway, est inné et indivisible.
Mais « Mamaaaaannnn », c’est cinquante fois à la minute. Et généralement, ce n’est suivi de rien. Si c’est suivi de quelque chose, c’est genre : « regarde comment je suis bonne pour tourner juste sur un pied sans me tenir après le barreau de chaise, non, mais là je l’ai raté regarde encore, non, mais là c’était pas ça regarde encore, non, mais là je vais l’avoir pis en me tenant juste sur le bout des orteils, non, mais regarde-moi dans le blanc des yeux sinon ça n’existe pas ce que je fais »…
Et le « Mamaaaaaaaaaaaaannnnnnnn! », il est exponentiel en fonction de l’heure tardive et du niveau de fatigue des poulettes et, par association, de mon niveau de fatigue aussi. Et si j’ai le malheur de ne pas répondre plus le niveau de fatigue avance, le niveau de décibels, lui aussi, ira en augmentant de façon exponentielle.
Et papa dans tout ça? Il fait ce qu’il peut. Il incite les cocottes à l’interpeller lui, pour me donner un petit break deux minutes. 90 % du temps sans succès, mais bon, 10 % c’est déjà bien.
Sauf quand ce 10 % se solde en : « Papaaaaaa? Elle est où mamaaaaannnnnnn? »
Alors voilà, il me reste le deux minutes de paix dans la salle de bain, à faire semblant d’avoir une pressante envie de pipi-oui-encore-même-si-j’y-suis-allée-il-y-a-15-minutes. Ça permet de prendre une grande respiration, de relativiser tout ça et de ressortir de là prête pour un autre round!
Êtes-vous parfois sur-sollicité.e.s par vos enfants?