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Mon bel accouchement rempli d’amour
Crédit: esudroff/Pixabay

 Il est midi et quart et je sautille sur mon ballon de grossesse en mangeant un avocat arrosé de vinaigre balsamique (craving de grossesse? Peut-être). Le téléphone sonne, c’est mon mari Marcelo, qui m’appelle sur son heure de lunch pour savoir comment je vais. Il fait ça tous les jours : une des infinies raisons pour lesquelles je suis si amoureuse de lui! Je me lève de mon ballon pour lui parler et en me levant je sens un gros « SPLOUSH » dans ma culotte et sur le tapis. À la question « Comment vas-tu mon amour? » je lui réponds : « Je viens de perdre les eaux… live! »
 
J’appelle à la salle d’accouchement du nouveau CHUM, l’infirmière me dit de mettre une serviette hygiénique et d’attendre une heure pour voir si elle se remplit et si j’ai vraiment perdu mes eaux. Je me connais bien et suis pas mal certaine de ne pas souffrir d’incontinence urinaire, je lui dis que je n’ai aucun doute de les avoir perdues et qu’on habite à Piedmont, à 1 h 15 de l’hôpital. Elle me dit que j’ai le temps de prendre une douche et de partir tranquillement. Ce que je mets à exécution. Marcelo est beaucoup plus pressé que moi et n’en revient pas que je prenne le temps de me raser les jambes. Ben quoi? Je n’allais pas accoucher les jambes poilues quand même!
 
On arrive au CHUM vers 2 h 30, les contractions ont commencé dans la voiture en arrivant à Montréal. Elles font mal, je me mets à genoux sur le tapis de l’auto, les mains sur mon banc. Le gardien me monte en fauteuil roulant. Entre deux contractions, je le remercie et lui dis que je me trouve chanceuse d’avoir un chauffeur privé qui me mène jusqu’au triage!
 
Le séjour au triage se passe bien, c’est le docteur que j’ai vu aux derniers suivis qui est de garde, joie! Je suis dilatée à 3 cm et effacée à 100 %. Au dernier suivi de grossesse, j’étais dilatée à 1 cm et effacée à 80 %. On me transfère à ma chambre de travail et d’accouchement. Une grande chambre, avec salle de bain privée, au 9e étage, et une vue spectaculaire sur le centre-ville. L’infirmière prend le temps de lire mon plan de naissance et me dit qu’elle ne me proposera pas de péridurale et que comme je suis sa seule patiente, elle pourra s’occuper de moi tant qu’il le faut. Elle est tellement douce et respectueuse, je l’adore déjà.
 
Elle me coule un bain-tourbillon, l’effet est magique et instantané. Je ne veux plus en sortir, les contractions ont empiré et j’ai peur qu’elles soient trop douloureuses si je sors du bain. Je reste environ 2 h 30 dans le bain, puis l’infirmière me dit qu’il est temps de sortir, car le bain perd de son efficacité si j’y reste trop longtemps, et elle me propose la machine TENS qui donne des petits chocs dans le dos, accompagné d’une bouillotte sur le ventre, et le tout sur un ballon de grossesse. On y va pour ça, puis elle montre des points de pression à Marcelo, elle me fait un petit massage. Ça fait du bien, vraiment. Entre les contractions, j’arrive encore à sourire, je dis à mon amoureux et à l’infirmière que je me sens au spa, avec ce bain-tourbillon, cette chambre et ce service de luxe!
 
Il est environ 18 h (j’ai perdu la notion du temps, complètement!) et on m’examine, je suis à 4 cm… Une ou deux heures plus tard les contractions commencent à être de plus en plus rapprochées, elles durent 1 min 30 et sont toutes les 2 minutes, je n’en peux plus de souffrir autant, aucune position ne m’allège et je me décourage en pensant qu’il me reste probablement des heures de travail si depuis le dernier examen j’ai dilaté de seulement un cm. Désespérée, je demande alors la péridurale. L’infirmière me convainc de retourner dans le bain elle me rappelle les raisons pour lesquelles je désirais un accouchement naturel. (Je suis le genre de fille qui a plus peur des interventions médicales et leurs conséquences que de la douleur.) Je m’en fous, lui demande si l’anesthésiste peut se préparer pendant que je vais dans le bain.
 
Je me déshabille pour entrer dans le bain, une autre contraction arrive, je me sers contre mon amoureux, et je sens un autre gros SPLOUSH. Ce qui restait des eaux s’est rompu, sur ses pieds. J’entre dans le bain, une autre contraction, elle me donne envie de pousser. Je demande à mon mari d’appeler l’infirmière : j’ai envie de pousser. Il se rend compte que son bébé arrive… ému, il s’exécute les larmes aux yeux, et moi ça me donne un sourire dans toute cette douleur.
 
Je sors du bain et retourne à la chambre, où l’anesthésiste est prête et m’attend. Le docteur m’examine, je suis à 8 cm. L’infirmière me demande si je veux toujours la péridurale, encouragée par ce progrès rapide je décide de continuer avec mon projet d’accouchement naturel. L’anesthésiste remballe ses affaires et sort. L’infirmière me dit qu’il est important de ne pas pousser même si j’en ai envie, car je suis à 8 cm et le col risquerait d’enfler, je dois attendre d’être à 10 cm. Une autre contraction, puissante, mais sans envie de pousser cette fois. Puis une autre s’en suit cette fois accompagnée d’une envie incontrôlable de pousser. En fait il ne s’agit pas d’une envie, mon corps pousse tout seul, je ne peux simplement pas l’en empêcher. Je perds le contrôle de mes membres, on dirait que le bébé sort par lui-même, je me tortille dans tous les sens sans le vouloir, j’agrippe l’infirmière par les poignets et la regarde dans les yeux en lui disant que « Je DOIS pousser. Il est en train de sortir! » Le docteur me réexamine, je suis à 10 cm. Joie! Je peux pousser!
 
Mon infirmière se transforme complètement et sa douceur se transforme en une vigueur digne d’un chef d’armée qui hurle après ses troupes. Ses encouragements joints à ceux de mon copain me donnent le courage et la force malgré l’épuisement qui m’habite. Une quinzaine de minutes plus tard (encore une fois j’ai complètement perdu la notion du temps, mais je sais qu’il est 21 h 36, car c’est l’heure de la naissance de mon bébé), il atterrit enfin dans les bras de mon amoureux qui me le dépose sur le ventre.
 
On dit qu’à ce moment-là l’amour est tellement fort qu’il fait oublier toutes les douleurs ressenties. Je dirais que je me souviendrai toujours de cette douleur, mais comme une belle douleur qui a servi à me faire vivre ce moment magique avec mon fils, Leonardo.

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