J’ai toujours aimé voir mes enfants être curieux, questionner et chercher à découvrir. J’me dis que c’est garant de quelque chose de bien pour le futur pis ça me rend fière.
Mais pour être honnête, cette fierté maternelle est mise à rude, très rude épreuve. Un endroit où leur curiosité rencontre une limite, MA limite : en auto.
Sérieusement, je sais pas c’que j’leur ai fait, mais il y a de quoi qui se réveille dans mes enfants avec le vrombissement du moteur. Alors que je trouve que c’est propice à donner une pause à mon cerveau (me concentrer seulement sur la route, quel bonheur) ou encore à écouter de la musique, ou juste à converser avec mon chum, ben leurs petits cerveaux s’activent comme s’ils étaient sur le Redbull pis là, on me bombarde de questions sans liens et nécessitant Google.
Au début, c’était juste ma fille. À chaque question, j’effectuais la réflexion nécessaire à sa réponse tout en constatant que mon éventail de connaissances générales fait dur. Et trop souvent, quand je n’étais pas au volant, je devais me résoudre à prendre mon téléphone et chercher la réponse.
Il y a deux ans, alors que ma fille en avait 7, j’me suis dit que je devais les écrire parce que c’est aussi intense que c’est drôle. Je ne l’ai pas encouragée, j’ai juste discrètement écrit chaque question, comme elle me les posait. Ça commencé par « Les plantes carnivores font-elles mal aux humains? » pour enchaîner avec « Les gens en prison sont-ils bien traités? » (vous voyez un lien, moi pas!)
Une des questions qui a suivi était une mise en situation : un policier est à la retraite et possède encore un sabot parce qu’il aurait oublié de le rendre. Est-ce que ça serait légal s’il le mettait sur une voiture qui commet une infraction?
Oui, j’ai demandé à ma fille de me dire ce qu’était un sabot. Oui, mon estime personnelle a eu un peu mal.
Elle m’a ensuite posé une série de questions en lien avec le cancer : « Maman, si j’ai le cancer du sein, feras-tu des dons dans les magasins? » puis, « est-ce que les gars peuvent aussi avoir le cancer du sein? », « les gars ont-ils aussi des seins ou juste des pectoraux? »…
J’ai eu droit à des questions sur le vomi, sur la géographie, le tout parsemé de commentaires du genre « regarde le chevreuil, il ressemble à Milk » (notre chien). Parmi les dernières questions (parce qu’on approchait la maison), il y avait : « Que font les vaches quand elles dorment? » et « Que font les aveugles quand ils ont des enfants, comment changent-ils les couches? »
Très honnêtement, je n’ai pas recopié dans le texte toutes les questions que son petit cerveau de 7 ans m’a posées pendant ces deux heures. Et c’est toujours comme ça. Mais comme je disais, avant, c’était juste ma fille. Maintenant, son petit frère en fait tout autant. Et en bonne gestionnaire, je redirige les questions vers ma fille qui, disons-le, a une excellente culture générale.
Hier, dans l’auto, épuisée, Rose a demandé à Gabi de prendre une pause. Entendre d’une voix exaspérée « Maman, il n’a pas pu se taire pour plus de 2:41 minutes! » fut la chose la plus drôle que j’ai entendue de la journée.