Je me suis séparée parce qu’au fond de moi, je traînais sans cesse un sentiment de solitude comme un boulet à la cheville. Cette relation qui durait depuis des années ne comblait pas certains besoins viscéraux; me sentir aimée, être en confiance, pouvoir me déposer sur son épaule et me sentir prioritaire dans ses choix de vie.
6 petits mois se sont écoulés depuis son départ pendant lesquels j’ai fait des tours de montagnes russes interminables. Je retrouve enfin un peu de stabilité. Je reviens sur Terre. J’arrive maintenant à une prise de conscience: je voulais le grand jeu.
De retour à ma réalité de mère de 2 enfants en bas âge et séparée; je ne me suis jamais sentie aussi seule. Je me sens seule quand je n’arrive pas à ouvrir le pot de cornichons marinés alors que mes enfants me crient : « Monsieur Corni, Monsieur Corni! » dans les oreilles. Quand je dois changer la sapristi de cruche d’eau qui pèse une tonne. Quand je dois déneiger l’entrée, le balcon, le camion et la porte de garage.
Tout ça ce n’est pas grand-chose. Je m’habitue. Je me trouve même plutôt choyée quand mon père vient pelleter et que mon copain déneige mon camion. J’apprécie les petites choses, disons! Lorsqu’il est question des enfants, le boulet de solitude est beaucoup plus pesant.
J’ai eu énormément de difficulté avec les dodos de ma plus jeune dans les derniers mois. Des crises qui pouvaient durer parfois des heures. Je n’y arrivais tout simplement pas (j’y suis arrivée quand même). Certains soirs, j’aurais voulu que papa prenne le relais. J’aurais voulu qu’on en discute ensemble, qu’on s’encourage. Nous étions seuls, les pleurs de ma fille et moi.
Au final, ce qui n’était pas comblé auparavant ne sera que plus difficile (ou impossible) à atteindre désormais. Je vis seule. Même si j’ai un copain qui va et vient entre chez lui et chez moi, je vis seule. Nos priorités sont nos enfants, et ce ne sont pas des enfants communs. Le soir venu, c’est chacun chez soi, avant 20 heures. Mes angoisses de fin de journée, les discussions sur l’oreiller, les inquiétudes à partager, ça n’existe que rarement.
Mes besoins viscéraux, quels besoins viscéraux? Je me croyais mal aimée, mise de côté, mais j’avais quelqu’un qui m’écoutait dramatiser ma vie pendant que je pliais la dernière brassée de linge de la journée. J’avais un papa qui me disait « je m’en occupe » quand les enfants se réveillaient la nuit. J’avais un chum qui déneigeait l’entrée avec les enfants pendant que j’essayais de faire une sieste. J’avais un Superman pour ouvrir le tant attendu pot de cornichons.
La séparation m’aura appris deux choses : 1. On ne tombe pas en amour avec l’amour. Les feux d’artifice, c’est éphémère. 2. Je ne serai la priorité de personne et c’est correct ainsi. Je dois apprendre à être la priorité de moi-même.
Et vous, qu’est-ce que votre séparation vous a appris?