Ne m’en veux pas si parfois, j’ai l’esprit loin de ton monde imaginaire rempli de princesses et de licornes. Si parfois, je ne veux pas y aller avec toi. Les personnages féériques que tu affectionnes tant ont déserté mon univers depuis trop longtemps. Mais je ne te remercierai jamais assez de m’inviter à prendre part à ta créativité et de me rappeler la beauté de la candeur de l’enfance. On l’oublie en grandissant. Ne grandis pas trop vite, toi.
Ne m’en veux pas si parfois, je n’arrive pas à laisser mes soucis hors de ma tête. Tu n’as pas à les connaître, mais certains jours, ils deviennent trop grands et je n’arrive pas à les poser dans un coin pour un temps.
Ne m’en veux pas de t’avoir transmis mon hypersensibilité. Si j’ai pu choisir à quel moment de ma vie je voulais un enfant, je n’ai pas pu dresser une liste de ce que je voulais te transmettre. J’aurais préféré que tu te contentes de prendre la couleur de mes cheveux, ma passion pour les livres ou la couleur de mes yeux, mais ce trait de moi est passé à travers les mailles du filet et tu en as hérité.
Ne m’en veux pas si parfois, je te dis non. Je reconnais que manger des tonnes de biscuits au chocolat devant tes émissions préférées est un programme plus qu’alléchant, mais je suis là aussi pour t’apprendre les limites. (Mais par moment, fais-moi une place sur le canapé et on le fera ensemble!)
Ne m’en veux pas d’avoir moins de temps pour toi depuis la naissance de ta sœur. Mon amour pour toi, lui, n’a pas changé. J’aimerais me dédoubler, vous offrir un temps égal, me serrer contre toi la nuit comme je le fais avec elle quand elle pleure, te jeter dans les airs et te faire rire, te porter sur mes épaules quand tu ne veux plus marcher. Mais je ne peux plus, tu es si grande maintenant.
Ne cherche pas à être comme elle, car je t’aime comme tu es, toi. Et mes bras sont assez grands pour vous serrer fort toutes les deux.
Ne m’en veux pas de ne pas être parfaite. Je fais de mon mieux.
Ne m’en veux pas de t’étouffer sous mes bisous et mes câlins. Mon cœur de Maman n’en a jamais assez et je le ferai sûrement jusqu’à tes 75 ans.
Mais de t’aimer autant, ça, tu ne pourras jamais m’en vouloir.