Il y a cette enfant, cette jeune fille dois-je dire, que j’ai rencontrée dernièrement. J’ai encore beaucoup à apprendre, mais déjà, j’ai l’impression de la connaître. J’arrive à percer cette carapace de pré-ado. Elle me fait tellement penser à quelqu’un que j’ai connu jadis, moi.
J’adore cette enfant. On trippe Twilight ensemble. On se faufile dans le sous-sol pour avoir un moment de calme, à l’abri de 5 autres enfants excités, et on placote un peu. Elle me laisse une place près d’elle sur le divan, je peux même lui flatter le dos parfois. Je l’écoute chantonner toutes les chansons de « Julie and the Phantoms » et je crois que j’ai deviné lequel des garçons fantômes elle trouve le plus cool.
Je la regarde, assise là, au comptoir de la cuisine, à écrire une histoire de Noël sur son portable. Elle est concentrée malgré ses 3 frères et sœurs qui tournent autour d’elle. Elle me paraît si forte et si fragile à la fois. Elle ne parle pas beaucoup, sauf quand on lui laisse la parole et le temps de choisir ses mots. Au fond de ses yeux bruns-noirs, je vois une grande sensibilité et beaucoup d’angoisse. Je vois aussi dans sa rétine une force perceptible parce qu’angoissée ne veut pas dire faible.
J’étais ce genre d’enfant. Je pleurais souvent. Je me souviens de ces nombreux soirs où je n’arrivais pas à trouver le sommeil, envahie par tellement de craintes et de peine. Le changement était une grande source d’angoisse. Je me souviens d’avoir beaucoup pleuré simplement parce qu’hier ne serait pas comme demain. Tu sais quoi, Adèle, c’est ça la beauté de la chose.
À son âge, 9 ans, j’étais déjà une rêveuse. J’avais besoin de ma bulle, de mon espace, comme elle. Je partais dans ma tête m’imaginant des scénarios des plus romantiques. Je passais mon temps à griffonner. J’écrivais des histoires de lutins de Noël, de princes et de chevaliers, d’animaux et de forêts enchantées.
J’ai vieilli et j’écrivais encore. Des lettres d’amour et des histoires romancées. J’ai écrit quand j’étais en colère. J’ai écrit quand j’étais dévastée. J’ai écrit mon premier amour et, évidemment, ma première peine d’amour. J’ai écrit sur mon premier deuil, puis sur la naissance de mes enfants.
Aujourd’hui, j’écris pour toi, Adèle. Pour te dire de ne pas abandonner ta plume. Elle va t’accompagner dans des étapes merveilleuses et douloureuses (passage obligé) de ta vie. Peins, garroche-nous des couleurs, chante tout ce qui te passera par la tête. Si tu laisses sortir ce qu’il y a dans ton cœur, tu vas créer des merveilles.
Cultive ta créativité. Défonce les barrières de l’imaginaire. Prends ton pinceau ou ton stylo et laisse opérer la magie.