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Était-elle trop jeune pour l’école?
Crédit: picjumbo_com/Pixabay

Ma fille est née fin août. Le temps a filé si vite qu’un matin, c’était déjà la rentrée scolaire. Elle avait cinq ans depuis deux jours. Elle pesait presque autant que le contenu de son sac. J’ai pleuré, comme toute maman pleure le jour de la rentrée (ou presque).

Jamais je n’avais pensé que ma fille n’était pas tout à fait prête. C’était (et c’est toujours) une enfant intelligente et volubile. Elle posait mille et une questions. Je l’avais préparée, j’étais convaincue qu’elle était prête pour l’école. Dans ma tête, c’était une future première de classe. Rien de moins. Puis, quelques semaines plus tard, j’ai frappé le mur.

J’avais reçu son porte-folio en vue de la première rencontre. En le consultant, ma fierté s’est transformée en désarroi. Tous les exercices comportaient ce genre de commentaire : « N’a pas été capable de travailler seule. », « N’a pas respecté la consigne. » En maman soucieuse, j’ai préparé ma liste de questions. Je devais comprendre pourquoi elle n’était pas aussi fonctionnelle que dans mes attentes. L’enseignante m’a expliqué qu’elle était la plus jeune de sa classe. Qu’à Noël, la moitié de ses camarades auraient déjà six ans. Selon elle, il n’y avait rien d’alarmant. Il fallait juste lui laisser du temps. Elle y est parvenue, bien qu’elle ait été la dernière à bien écrire son prénom, la dernière à lire ceux de ses amis.

Arrivée en première année, c’est ma fille qui a frappé le mur. Jusque-là, elle avait beaucoup aimé l’école. Mais cette fois, elle s’est aperçue qu’elle traînait de la patte. Elle mélangeait constamment ses lettres. Elle parvenait difficilement à lire une courte phrase. L’école m’a téléphoné souvent, car elle avait mal au ventre. Elle se trouvait des excuses pour ne pas y aller. Elle n’était pas capable de verbaliser son malaise, mais je savais ce que c’était : elle ne se sentait pas à la hauteur. Ma fille n’est pas une battante, du moins pas si elle doit se battre seule ; elle est plutôt du genre fataliste. Je lui ai donc retroussé ses petites manches. J’ai cherché tous les trucs possibles pour l’encourager. Elle a réussi son année avec des résultats corrects, et j’en étais très fière.

En deuxième année, elle a retrouvé le goût d’aller à l’école. Mais c’était encore ardu. J’ai rencontré l’enseignante, car elle avait quelque peu « oublié » ses notions de première année. Elle m’a demandé si ma fille mélangeait souvent le P et le B. Moi, je me suis demandé si ce n’était pas de la dyslexie. Après quelques semaines, ma fille n’a plus eu besoin d’une aide particulière en classe. On n’a pas pour autant baissé les bras. J’ai investi temps et énergie à sa réussite.

En troisième année, le déclic s’est produit. Lors de la rencontre d’information, l’enseignant nous avisait que cette année allait être plus difficile. Je la préparais mentalement. Mais, surprise au premier bulletin! Elle avait non seulement rattrapé les autres, mais elle était au-dessus de la moyenne partout!

Maintenant, en cinquième année, elle est toujours aussi performante. Il lui fallait juste du temps, comme disait son enseignante de maternelle. Ce temps ne se mesurait pas en mois comme je l’avais d’abord cru, mais en années.

On m’a parlé par après des dérogations pour devancer ou retarder l’entrée à l’école. Ça aurait sûrement été bénéfique pour nous. Je ne suis pas psychologue, je ne suis pas une sommité en éducation non plus, seulement une maman qui a à cœur la réussite de son enfant. Je ne généralise pas en disant que tous les enfants nés en août et septembre vont l’avoir dur à l’école, loin de là. Il y a quantité de facteurs qui entrent en ligne de compte : l’éducation reçue à la maison, le degré d’autonomie, la capacité d’adaptation, et bien d’autres.

Par contre, je peux affirmer que ma fille manquait un peu de maturité. Ça lui a pris presque trois ans pour trouver sa place à l’école. Si je pouvais revenir en arrière, probablement que je ferais les choses autrement. Pourtant, est-ce que je regrette de l’avoir catapultée si jeune dans le monde scolaire? Je crois que non. Il y avait quelque chose à apprendre de cette aventure. Elle sait que si on veut réussir, il faut y mettre les efforts.

Moi aussi, j’ai changé de regard. J’ai appris à ne plus vouloir une première de classe, mais à croire en elle. À louanger l’effort plutôt que le résultat. À mettre l’accent non pas sur les difficultés, mais sur sa capacité à les surmonter.

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