Mon but aujourd’hui n’est pas d’ouvrir un quelconque débat sur l’allaitement, mais bien de démystifier certains aspects méconnus de celui-ci. Il y aura aussi des petits trucs pour les intéressées, car j’ai trop souvent entendu : « avoir su avant, j’aurais continué, mais je croyais… »
Tout d’abord, sachez que la notion de « manquer de lait » a commencé à être discutée dans les ouvrages médicaux seulement à partir des années 1980 et que durant cette même période, les pratiques d’allaitement ont commencé à changer (devoir déposer l’enfant pour vaquer à ses occupations, les routines de sommeil strictes, etc.) ce qui a eu un impact clair sur la deuxième partie de l’allaitement. Je m’explique.
Un allaitement, ça se prépare. Déjà durant la grossesse, notre corps change et nous lisons sur le sujet, en étant à l’affût des premières perles de lait. Puis, avec la décharge d’ocytocine et de prolactine de l’accouchement, tout commence vraiment. La production de lait maternel est induite par le système endocrinien (les fameuses hormones) qui remplit nos seins à profusion et qui s’assure que peu importe le moment… ça coule. À ce stade tout va bien, mais des études démontrent que 35% à 38% des mères qui arrêtent d’allaiter entre le 2e et le 3e mois le font car elles « manquent » de lait… Ce manque serait toutefois un mythe.
Le problème, c’est que les hormones finissent par doucement se dissiper pour laisser place au contrôle que l’on appelle « autocrine ». Celui-ci permet la production à long terme et il est géré par l’efficacité des boires et la fréquence de ceux-ci. Donc, le bébé doit être au sein dès les premiers signes de faim, car il ne connaît pas encore la patience. Puisque nos seins ne sont plus remplis par les hormones, le lait arrive avec un peu plus de délais. À ce moment-là, précisément, il faut persévérer parce que la solution est en nous; il faut rester connectée avec bébé!
Je l’ai personnellement vécu avec ma fille. Elle avait 9 semaines et un après-midi, j’ai compris pourquoi elle ne dormait pas et semblait irritable: elle avait faim. J’ai appelé ma marraine d’allaitement en panique je lui ai dit : « J’aiii pu de laaait!! » en pleurant. Elle m’a dit d’un ton calme et ferme « Woaaah! Tu es un mammifère qui doit nourrir son bébé. Couche-toi dans ton lit et laisse-la au sein jusqu’à ce qu’elle s’apaise. Je te promets qu’elle va en trouver, du lait. En plus, la meilleure façon d’en produire, c’est de la faire boire, car elle stimule tes seins mieux que personne! » C’est donc ce que j’ai fait. Ça m’a pris 3h; j’ai pleuré, j’ai souri, je l’ai flattée et j’ai compris l’importance d’être dans le moment présent.
Pour faire boire efficacement mon bébé, j’ai compris que je devais me « grounder ». J’ai donc choisi de me tourner vers la méditation. Au début, j’y arrivais en contrôlant ma respiration pour qu’elle semble venir du fond de mes poumons, un peu comme lorsqu’on prend une grande inspiration par la bouche, mais en respirant uniquement par le nez. Dans le fond, c’est la respiration pour le yoga. Puis, je me suis concentrée sur la beauté de ce que j’étais en train de faire: je nourrissais ma fille, je suivais l’exemple de milliers de femmes avant moi. Rapidement, ces pensées n’étaient toutefois plus assez. Un soir, une image m’est venue: celle d’un éléphant, un énorme éléphant super puissant qui s’arrose d’eau avec sa trompe… ce fut une révélation.
Chaque fois que j’avais de la difficulté à déclencher mon réflexe d’éjection, je pensais à cet éléphant qui se lance plein d’eau avec sa trompe (c’est rapidement devenu du lait, haha). Un jour, j’ai d’ailleurs appris que la trompe des éléphants agit comme un radar qui leur permet de trouver de l’eau et de la nourriture… Bref, je ne sais pas si l’image vous aidera aussi, mais essayez-le si vous voulez. Imaginez une belle éléphante avec ses grands yeux bruns, ses longs cils, les petites rides qui entourent ses yeux, ainsi que sa trompe si fière et haute de laquelle elle fait jaillir plein de lait. Ça fait sourire, mais ça a fonctionné pour moi!
Si vous rencontrez des difficultés avec votre allaitement, n’hésitez pas à consulter des ressources: Nourri-Source Montréal en propose une liste très complète et vous pouvez aussi contacter Allaitement Québec. Plusieurs femmes rencontrent les mêmes problèmes que vous; vous n’êtes pas seules. De plus, ce texte ne remplace pas un avis médical: si vous croyez avoir un problème, consultez un.e spécialiste. Évidemment, si vous décidez d’arrêter d’allaiter, c’est aussi un choix absolument valable.
Avez-vous utilisé la méditation et la visualisation pour vous aider dans l’allaitement?
Source:
Allaitement maternel : l’insuffisance de lait est un mythe culturellement construit