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Se retrouver autour d’un livre
Crédit: Annie Spratt/Unsplash

Je suis une maman « pédagogue ». Je ne jouais pas avec ma fille. Je me sentais maladroite en faisant parler des personnages de plastique. Ce que j’aimais, c’était lui transmettre quelque chose. Mes jeux prenaient des allures de classe. Je me sentais investie d’une incroyable mission : faire découvrir le plus de choses possible à ce petit bout d’humain qui m’était confié. 

Mon moment préféré de la journée, c’était lorsqu’on se retrouvait avec un livre. Ma fille et moi, bien blotties l’une contre l’autre, découvrant ensemble un monde mystérieux ou une histoire cocasse. Je m’amusais à changer ma voix pour agrémenter le récit.  Je lui demandais souvent ses impressions sur les personnages, les événements : « Qu’aurais-tu fait à la place du héros? » était notre jeu préféré. Parfois, je me laissais emporter et je lui lisais tellement que je la trouvais endormie. Tout doucement, je la bordais avec un agréable sentiment de satisfaction. À travers les livres, je vivais pleinement ma relation mère-fille.

Lorsqu’elle a été en âge de lire elle-même, je n’ai pas pour autant arrêté notre petit rituel. Nous lisions tout ce que la bibliothèque avait à nous offrir. Ayant quelques difficultés en lecture, ses enseignants me conseillaient de la faire lire beaucoup. J’ai donc prolongé ce petit plaisir tout naturellement. Je la faisais lire à haute voix un moment, puis je prenais le relais.

L’année dernière, elle a développé goût et patience pour les longues histoires et les romans. J’ai sorti mes livres d’Harry Potter et on s’y est attaquées ensemble. À mon plus grand plaisir, elle a plongé à fond dans cet univers. Depuis, ma fille est convaincue être une sorcière issue de parents moldus. Elle attend avec impatience ses 11 ans et sa lettre d’admission pour une prestigieuse école de sorcellerie. Je lui ai tricoté une écharpe rouge et or, on a fabriqué ensemble une baguette magique et je lui ai déniché une cape avec l’effigie de Poudlard. Je crois que jamais une si belle Hermione n’avait passé l’Halloween!  

Crédit : Giphy 
 

Mon conjoint me disait souvent qu’il faudrait arrêter de lui faire la lecture bientôt. Qu’à presque 10 ans, il faudrait qu’elle lise toute seule. Qu’elle est trop grande pour ça. Je savais bien qu’il avait raison. 

Malgré cela, tous les soirs, on avait rendez-vous avec notre sympathique sorcier à lunettes. Nous avons mis dix mois pour traverser les sept volumes. C’est avec un pincement au cœur qu’on a lu les dernières pages, comme lorsqu’on quitte des amis pour de nouveaux défis. On a retenté l’expérience avec les aventures d’Anne Shirley, mais elle a décroché bien vite quand Anne est devenue une adolescente plus sérieuse. J’avoue qu’à côté du récit captivant d’enfants capables de faire de la magie et de battre de puissants mages noirs, la gentille orpheline d’un autre siècle semble bien banale. À la place, on s’est rabattues sur la série télévisée, et j’ai ainsi retrouvé ma pause quotidienne avec ma fille. Tout cela le temps de six épisodes. Mais ce n’était pas tout à fait pareil.

Depuis, elle lit la série de romans La vie compliquée de Léa Olivier. En solo. Mais j’ai droit à mon résumé à la fin de chaque chapitre. Je connais tous les secrets de cette adolescente. Je n’ai pas recommencé à lui faire la lecture. J’ai suivi les conseils de son père, qui la trouve trop grande pour se faire lire une histoire par sa maman.

Mais ces petits moments, juste elle et moi, me manquent. Je n’ose pas lui demander de se choisir un livre qu’on découvrira ensemble, de peur qu’elle me réponde qu’elle ne veut plus. Qu’elle est effectivement trop grande pour cela. Peut-être que c’est ce qu’elle me répondra, mais j’ai l’impression que non. J’ai l’impression qu’elle aussi trouvait son petit bonheur dans nos rendez-vous quotidiens autour d’un livre.

J’y ai réfléchi ces derniers jours, et je vais lui proposer de le refaire une autre fois, mais avec quelque chose qui vient la chercher. Ma sortie au Salon du livre m’a permis de découvrir que les auteurs québécois pour la jeunesse sont nombreux. 

Avez-vous un petit moment ou un rituel que vous avez de la difficulté à délaisser bien que votre enfant grandisse? 

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