Mes 60 livres de grossesse sont parties, graduellement, sans grands efforts ni privations volontaires, durant l’année qui a suivi mon deuxième accouchement. J’ai ce luxe, me dit-on. Je hausse les épaules; ce n’est pas par choix, que je fonds.
Je réalise, avec du recul, que ce n’est pas non plus obtenu de la bonne façon. Qu’il n’y a rien d’admirable aux retrouvailles de ma taille. Je n’ai pas bûché, proprement dit. Je n’ai pas exercé mon corps, outre à survivre aux nuits catastrophiques. Je n’ai pas non plus suivi de diète, hormis jouer à la maman poubelle, repas après repas, face aux assiettes incomplètes de mes enfants.
Au final, je n’ai pas mangé quand j’en avais le goût. Je n’ai pas mangé, ce dont j’avais le goût. Je n’ai pas inclus le manger dans mon horaire fou de la maternité, et me revoilà sur le marché du travail à savourer enfin mes demi-heures de dîner. Pourquoi avoir tant tardé?
J’aimerais donc vous dire, aux mamans, de penser à vous. Pensez à votre panse. Votre jus de maman, vous le redonnez exponentiellement, si vous avez assez de carburant. Vous n’êtes pas des robots. Vous avez besoin de glucides et de vous mettre autre chose que du café dans le goulot. Vous avez le droit de vous payer « la traite » en matière de nutriments. Vous devez alimenter votre corps, et vous avez amplement le droit de vous rassasier de bons aliments, de vous satisfaire goulûment. Vous avez aussi clairement le droit à votre propre assiette et à toutes ces collations fournies, sans vous en octroyer une, par oubli.
Vous avez le droit de penser à vous, même si les enfants passent avant. Soyez saines et sauvez votre panse. Faites le plein de vitalité et prenez le temps de manger.