Hier, je suis tombée sur cette photo de moi. Facebook m’a rappelé qu’il y a 7 ans, j’étais brune, rêveuse, célibataire et insouciante. J’étais à Marrakech en high de thé à la menthe.
Aujourd’hui, je vis à Montréal. Le t-shirt que je porte sur la photo est devenu un vieux pyjama puis un chiffon pour laver les vitres.
Depuis, je suis blonde, j’ai des rides au coin des yeux. J’ai un job que j’adore, je travaille avec des gens inspirants, j’ai un amoureux que j’aime un peu plus chaque jour et qui rend ma vie belle et douce. Il me tire vers le haut avec son optimisme et sa simplicité. Il me soutient quoi que je fasse, me donne confiance en l’avenir. Et pour couronner le tout, on se séduit encore et on ne se prend pas pour acquis.
Sur un coup de tête, on a accueilli une petite humaine qui nous apprend depuis six mois ce qu’est la vie de parents.
Non, elle ne fait pas ses nuits.
Oui, nous sommes épuisés.
Comme beaucoup de nouveaux parents, nous sommes chamboulés, bousculés, incertains, anxieux. On n’est pas sûrs de toujours bien faire et on commence désormais nos phrases par « est-ce que tu crois que… ».
Parfois, je repense à ma vie d’avant, à la jeune étudiante zen de 2010 qui danse et boit jusqu’à 5 heures du mat, et ça me manque.
Je suis encore réveillée à 5 heures du mat, mais plus pour les mêmes raisons. Mais quand ça arrive et que notre bébé nous sourit, c’est plus fort que nous, on sourit aussi. On se retient de lui parler pour qu’elle se rendorme vite. Quand elle danse sur Earth de Michael Jackson, avec ses petits pieds instables et son manque de rythme, on a les larmes aux yeux (ok, j’avoue, la larme a carrément coulé). Quand elle dort… on regarde des photos d’elle!!!
Quand on la voit évoluer bien trop vite, on essaie de photographier dans notre tête (et sur nos téléphones!) chaque instant. On tente de mémoriser la taille de sa toute petite main qui touche griffe, défigure notre géant visage, sa grimace quand elle mange et crache sa première purée de carottes comme si on lui donnait du caca, son sourire satisfait quand elle jette un truc par terre et qu’on le ramasse ou encore sa face d’aventurière quand on lui souffle sur le visage (Jack, je vole!).
On voudrait garder en mémoire son rire qui éclate sans contrôle, sans qu’elle-même sache pourquoi. Et j’ai un pincement au cœur, car je sais que très vite, cette totale spontanéité-là va disparaître.
Elle nous a fait tout remettre en question. On tâtonne. Je pleure un peu de fatigue parfois. Mais comme on l’aime! Et comme elle nous rend heureux! Ce bonheur vaut ces nuits de merde, les refus de sorties, certains amis qui s’éloignent.
Elle nous fait grandir, accepter de vieillir un peu. Elle nous montre combien on peut donner. Elle nous apprend à aimer les petites choses.
Alors c’est vrai qu’on est plus seuls qu’avant. Nos samedis soir sont calmes. J’ai perdu ma tranquillité d’esprit pour toujours. Mais on est plus soudés et on est trois. On est une famille.
Ah et puis, elle nous offre un spectacle en première loge qui laisse sans mot : celui de voir un enfant – son enfant – grandir et découvrir la vie. C’est cheesy, je sais, mais c’est ça qu’on ressent.