Être mère, c’est angoissant. Surtout quand tu ne veux vraiment pas être comme comme la tienne. J’ai eu ma première fille à 18 ans. On s’entend que je ne me sentais pas d’attaque ben ben. Mais je me disais bien que je devais prendre mes responsabilités et m’occuper de ce petit être à venir.
Quand j’étais jeune, j’ai connu la DPJ. Je n’avais pas envie de ça dans la vie de mon enfant. Mais j’avais peur. Je me demandais si j’allais être jugée au nom de ma mère. Elle n’avait pas su s’occuper adéquatement de ses 3 enfants. Disons que le lien d’attachement chez nous, il n’est pas fort fort. J’étais l’aînée et je me suis occupé de mes soeurs, par périodes, quand elles étaient avec nous à la maison. Lorsque j’avais 14 ans, ma mère m’a littéralement demandé si je voulais mourir avec elle parce qu’elle n’en pouvait plus. Elle m’empêchait de voir les gens que j’aimais quand elle avait une chicane avec eux. Dans ses excès de colère, elle a déjà frappé un mur avec un couteau. Aujourd’hui, elle ne me parle plus. Par jalousie, colère, peine; je ne sais pas trop. Au fond, elle souffrait (et encore aujourd’hui) beaucoup, mais faisait vivre sa douleur aux autres.
Moi, à 18 ans, est-ce que j’avais ce qu’il fallait pour m’occuper d’un tout petit bébé? Est-ce que j’allais être une bonne mère? Est-ce qu’on devient ce qu’on a eu comme modèle? À 18 ans, je n’avais pas les réponses à ça. Je savais juste que je ferais de mon mieux. Mais c’est angoissant de devenir mère à 18 ans, quand ton modèle maternel ne t’a jamais dit « je t’aime » ou « t’es bonne, ma fille, continue » ou encore « je suis fière de toi ». Est-ce que j’allais trouver les mots justes pour être à la hauteur du rôle de mère qui m’attendait? Comment je pouvais devenir maman sans savoir ce qu’est vraiment une maman aimante? Je me demandais aussi si j’allais avoir la patience nécessaire, parce qu’un an avant, je disais encore que je ne voulais pas d’enfant. J’étais effrayée.
Aujourd’hui, ma fille a 14 ans. Je lui dis que je suis fière d’elle, que je l’aime, qu’elle est merveilleuse. Elle est épanouie, drôle, intelligente et tellement aimée. Aujourd’hui, aussi, j’ai réalisé que j’ai beaucoup appris toute seule, j’ai fait des erreurs, j’aurais voulu faire certaines choses différemment, mais… j’ai appris. Je suis devenue une maman dont je suis fière.
Je suis même devenue maman une deuxième fois récemment, parce que, oui, c’est angoissant devenir maman, mais c’est aussi extraordinaire. Merci la vie de m’avoir donné deux filles que j’aime de tout mon être. Je sais maintenant que c’est possible d’être une bonne maman malgré le vide maternel que j’ai moi-même vécu.
Encore aujourd’hui, je voudrais de tout coeur avoir une maman aimante qui me prend dans ses bras et m’appelle juste pour me dire que je lui manque. Je sais que je n’aurai jamais ce type de relation, mais je serai cette mère pour mes enfants. Une maman présente, aimante, réconfortante, armée d’une multitude de mots d’encouragement.
J’ai découvert aussi qu’on devient ce qu’on choisit de devenir. Ma mère n’a jamais été une mère pour moi. J’ai choisi d’être le contraire d’elle. J’ai choisi d’avoir tout l’amour du monde à donner à mes enfants. Je les regarde avec des étoiles dans les yeux. La mère qu’on a ne définit pas qui nous sommes. Elle peut aussi définir ce qu’on ne veut pas devenir.
Mes enfants, je les aime d’un amour infini. Je suis loin de la perfection, mais j’ai décidé que je serai la mère que je n’ai pas eue, la mère qui fera tout pour voir le bonheur vivre dans le regard de ses enfants. Je vous aime, mes 2 amours.
– Lulu
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