Il y a quelque temps, je suis allée à une activité organisée par la maison de naissance, une « jasette » informelle où une femme présentait aussi des techniques de nouage pour le portage en écharpe. Je nous ai toutes bien préparées, ma petite et moi (elle a 3 mois), j’ai vérifié 20 fois le contenu du sac à couches, j’ai tout fourré dans la poussette et j’ai pris l’autobus pour me rendre à la rencontre. Ça peut paraître banal, comme événement, mais je ne sais pas, je me rends compte que ça m’épuise et ça me stresse un peu, finalement, de sortir de la maison avec mon bébé.
En arrivant à la maison de naissance, je me suis retrouvée entourée de mères et de bébés de tous les âges, surtout des poupons, mais aussi des jeunes enfants de deux ou trois ans. Ça riait, ça jasait, ça allaitait, une mère avait fait des muffins, c’était bien animé.
J’étais gênée. Je me sentais presque intimidée. C’est étrange, parce que ce n’est pas trop mon genre, d’être intimidée. Je suis plutôt du genre à prendre de la place et à parler fort, d’habitude.
Je nous ai déshabillées, j’ai pris une petite place près d’une femme que j’avais croisée dans un cours prénatal, nous avons jasé un peu, puis l’atelier de portage a commencé. J’allaitais, j’avais chaud, je me sentais un peu empotée avec mon écharpe. À un moment ma petite s’est mise à pleurer (à hurler), et j’ai tout essayé pour la calmer. Je ne sais pas, on dirait qu’elle ne voulait pas être là. Je suis sortie dans le couloir, j’étais plutôt désemparée, je n’aime pas trop ça quand elle pleure en public. Une mère est passée près de moi avec un bébé au dos et un enfant lui tirant la main. Le sourire aux lèvres, elle m’a dit qu’il était tellement mignon, mon bébé. J’aurais voulu disparaître.
Pourquoi ça paraît si simple, pour certaines femmes, d’être avec leur bébé ? Comment elles font pour être relax, pour allaiter comme si de rien était, pour se promener en ville avec 2-3 enfants, pour trouver l’énergie de faire des muffins pour 20 mamans ? J’envie leur lâcher-prise, leur énergie, leur solidité. Il me semble à moi que le sol menace toujours de lâcher sous mes pieds.
Comment faire pour me sentir sûre de moi alors que chaque jour m’amène de nouveaux doutes? Comment retrouver ma joie, cette joie qui a toujours été ma marque de commerce? Comment ne pas me sentir toujours aussi épuisée? Je me sens vidée.
J’envie tellement les mères pour qui la maternité semble si simple, si facile. J’aurais voulu que ce le soit pour moi.