Nos profs s’en vont au front! Plusieurs ne le diront pas, mais ils ont la peur au ventre. Marcher sur un fil de fer, les yeux bandés, sans filet de protection serait, pour certains, un meilleur plan. Ils ont déjà tout un pan de l’éducation de nos enfants entre leurs mains en temps normal, ce qui est déjà beaucoup. Et voilà qu’on leur demande en plus d’assurer leur sécurité; leur santé! N’est-ce pas beaucoup leur demander?
J’ai des amis enseignants.es qui ont réintégré leur local dans les derniers jours. Celui dans lequel, avant la situation actuelle, ils avaient mis amour et énergie, pour en faire un lieu d’apprentissage agréable et chaleureux, à leur image. Déjà, certains avaient plus de chance que d’autres, avec de grandes fenêtres, beaucoup d’espace et du matériel neuf. Alors que d’autres ont dû user de leurs pouvoirs magiques pour transformer la citrouille en carrosse.
J’ose à peine imagine le tourbillon d’émotions qui brasse au creux de leur ventre, alors qu’ils doivent penser stratégie pour déjouer le virus. Ils ont hâte de revoir leurs élèves, ils les aiment. Mais la peur de faillir, de ne pas désinfecter suffisamment, de ne pas arriver à enseigner, de ne pas pouvoir consoler tout en respectant le 2 mètres de distanciation sociale ou encore de ramener le virus à la maison, est bien présente. Sans compter que les écoles font face à une pénurie de personnel encore plus important qu’avant, par manque de services de garde ou tout simplement parce que certains ne peuvent pas retourner travailler pour une question de santé.