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Le moment où le petit coeur dans mon ventre a cessé de battre
Crédit: Pexels
La grossesse est une surprise pour toutes les femmes; c’est en effet une immense surprise quand on voit apparaître les deux petites lignes roses sur ce bâton de plastique, qu’on l’ai planifié ou non. On commence alors tranquillement pas vite à se faire à l’idée, puis les changements qui s’opèrent sur notre corps nous aident à réaliser. On a des plans pour cet enfant. On pense à la décoration de sa chambre et à des prénoms.
 
Mais, parfois, ça ne se passe pas comme on le voudrait. C’est ce qui m’est arrivé. Je me suis présentée à l’urgence parce que j’avais des douleurs qui perduraient dans le temps. Comme c’était ma première grossesse, je me disais que je faisais une montagne avec un rien et que le personnel de l’hôpital allait trouver que j’exagérais, mais j’y suis allée quand même. 
 
J’ai été vue par un urgentologue qui n’était pas vraiment optimiste face à ma grossesse. J’ai passé la nuit à l’urgence et le lendemain matin, j’ai été vue par un gynécologue. C’était un vieux de la vieille et lui, il était optimiste.
 
Par contre, comme rien n’était joué, j’ai aussi eu un rendez-vous la semaine d’après et, comme par magie, l’évolution était positive et je commençais à avoir espoir. Mais comme c’était une grossesse « compliquée », on m’a aussi donné rendez-vous la semaine suivante pour un suivi. À ce moment-là, un miracle s’est produit: on a entendu un petit coeur battre. Il ne battait peut-être pas aussi vite qu’il le devait, mais il battait. Puisque ces résultats étaient encourageants, les visites chez le gynéco ont été espacées aux deux semaines.
 
Pendant ce temps, je regagnais espoir. Je me disais que la vie ne pouvait pas toujours s’abattre sur moi, sur nous. Je me suis présentée à mon rendez-vous pleine d’espoir et je m’attendais à recevoir de bonnes nouvelles (du moins, je l’espérais). Le gynécologue a commencé son examen, pris des mesures et des photos, il a cherché des mouvements et après quelques minutes de silence, il m’a annoncé qu’il n’y avait plus d’activité cardiaque…
 
Il m’a alors proposé deux options pour me « débarrasser » de lui ou d’elle; des pilules ou un curetage. Je suis donc repartie chez moi avec ce petit être en moi et ma prescription. Il était bien au chaud en moi et même si son coeur ne battait plus, il s’accrochait. Je suis arrêtée à la pharmacie avec la fameuse prescription pour aller chercher cette pilule qui allait le faire sortir bien avant son temps.
 
J’essayais de me réconforter avec les phrases toutes faites du médecin et de mon entourage, j’essayais d’ignorer les commentaires plates qui viennent avec la phrase « c’est pas grave, tu vas pouvoir recommencer ». Je n’avais qu’une seule envie: leur crier que oui, c’était grave, parce que ce n’était pas une poignée de change que j’avais perdue, mais un petit être, un humain en devenir.
 
J’ai rangé les quelques morceaux que j’avais achetés. J’ai essayé de continuer ma vie, de ne pas en vouloir au monde entier et de ne pas envier toutes ces nouvelles mamans avec leur petit être magnifique. Je me suis dit que la prochaine fois serait la bonne. J’ai espéré que la prochaine fois, j’allais pouvoir le prendre dans mes bras, lui donner tout mon amour et qu’il ne finirait pas dans le fond de la toilette. J’avais seulement vécu 14 semaines avec ce petit être dans mon ventre, mais pourtant, je l’aimais déjà beaucoup et je l’attendais avec impatience. Parce que j’y ai cru.
 
 
 
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