Depuis qu’elles sont nées, mes filles grandissent dans un environnement féministe sans que rien n’ait été « forcé ». Tout ça s’est fait très naturellement, le principe d’égalité homme-femme allant de soi pour nous. Si simple comme concept quand on l’écrit, si compliqué pourtant dans la vie de tous les jours. Toutes les luttes, les revendications, les dénonciations actuelles le démontrent quotidiennement. Je lisais encore cette semaine que l’actrice Claire Foy, qui incarne superbement la reine Élisabeth II dans la série The Crown, a reçu un cachet moindre que son partenaire de jeu, alors que c’est elle qui détient le rôle principal. Et après ça, on me dira que le féminisme n’est plus nécessaire…
Mes filles sont féministes donc, et j’en suis bien fière! Mais à lire les commentaires haineux qui apparaissent systématiquement sur les réseaux sociaux lorsqu’une féministe ose prendre la parole, je me demande ce qui les attend. Auront-elles le courage de continuer à s’afficher et à réclamer toujours plus de véritable égalité des chances, à dénoncer les abus et injustices lorsqu’elles seront confrontées aux réactions passives-agressives du monde adulte?
J’écris courage, car oui, ça en prend pour tenir tête à un prof qui diminue l’importance du mouvement #MeToo en clamant que la liberté d’expression en souffre. Oui, il faut avoir du guts pour porter un t-shirt affirmant « Je parle féministe » et se foutre des regards désobligeants. Oui, il faut être forte pour dire à un collègue que sa joke sexiste n’est pas drôle, que ses allusions machistes sont déplacées. Et je ne parle même pas de la volonté de fer de celles qui dénoncent et portent plainte, ces femmes sont des guerrières lumineuses!
La transition du cocon sécurisant de la maison où les valeurs prennent racine et s’épanouissent en tout respect et confiance VS la confrontation au monde réel, souvent hargneux, réfractaire au changement, encore rempli de préjugés et de stéréotypes étouffants, ça t’écorche un rêve de justice ça, ouille! Il ne faut pourtant pas abandonner, surtout pas! Sinon, ce serait concéder la victoire à tous ceux qui voudraient bien qu’on se taise.
Défendre ses convictions quand on est dans un contexte « hostile », ce n’est pas facile, mais c’est nécessaire si on veut que les choses changent. Tant de femmes l’ont fait avant nous, pas question de s’arrêter maintenant. C’est ce que je m’efforce de transmettre à mes filles, au-delà du cynisme ambiant. Les haters et autres mononc’ récalcitrants n’ont qu’à bien se tenir!