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Comment ma fille bénéficie de « l’école de la vie » en ce moment
Crédit: Pexels

La fin de semaine dernière, j’ai fait un petit recap de notre dernier mois. Tant de choses se sont produites que la « normalité » me semble si loin; belle et stressante tout à la fois. Au début de la période de confinement, nous vivions au jour le jour, sans horaire bien précis. Pour ma petite anxieuse de 12 ans, la situation n’a pas été simple. Elle aime tout ce qui ressemble à la prévisibilité d’une routine bien huilée. La première semaine a été éprouvante; elle s’inquiétait pour ses études, entre autres choses.

Peu à peu, je lui ai bricolé un semblant de programme académique, composé des outils trouvés en ligne pour qu’elle puisse parfaire ses habiletés en lecture et en composition ainsi que découvrir des films en anglais. À tous les parents qui ont tenu religieusement un programme d’apprentissage pour leurs enfants durant la pandémie, je vous lève mon chapeau. Vous avez toute mon admiration. Mais, me voyant peu expérimentée et prise au dépourvue, j’y allais avec mon gros bon sens et mon imagination. Puis, plus récemment, les autorités gouvernementales ont pris le relais sur ma planification et nous recevons la trousse d’activités couvrant ses matières scolaires toutes les semaines.

Donc, la fin de semaine dernière, alors qu’on planifiait la semaine à venir (une activité amusante et rassurante pour la petite boule de stress de ma fille), je me suis aperçue que nous étions aussi de « pas pires » parents, même si le télétravail m’empêche de m’improviser enseignante de la première année du secondaire à temps plein.

Sans qu’on le planifie ainsi de manière consciente, notre quotidien des derniers jours a fourni à notre fille son lot d’apprentissages. Peut-être pour briser l’isolement, peut-être parce que je voulais resserrer nos liens ou lui faire oublier son angoisse; quoi qu’il en soit, nous avons passé un nombre considérable d’heures ensemble. J’aime croire que durant les derniers jours, nous l’avons éduquée à la grande école de la vie.

Nous avons repeint sa chambre. Nous avons préparé le terrain et le jardin. Nous avons nettoyé la voiture. Elle a cuisiné des repas complets, fait quelques brassées de lavage. Elle a cousu un coussin pour sa nouvelle chambre. Elle m’a aidée à planifier les achats de l’épicerie afin d’éviter de sortir trop souvent. Nous avons découvert une application qui raconte l’histoire de différentes œuvres d’art célèbres. Ensemble, nous avons pris soin des plantes, nous avons rafraîchi la maison, fait des tartes. En vélo, elle a pris l’itinéraire de son choix pour nous ramener à la maison. Elle a peint de magnifiques tableaux. Elle a écrit une véritable lettre à sa cousine. Elle m’a aidée à raser le chien.

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On a lu quelques livres et discuté de nos impressions. On a fait un casse-tête, joué avec les LEGO. Nous avons discuté de toutes sortes de sujets : nos valeurs familiales, l’environnement, l’actualité, le féminisme. Nous avons découvert certains vieux classiques sur Disney+ et nous avons parlé de l’évolution des mœurs et des valeurs.

J’ai toujours été une maman « pédagogue », en essayant de transmettre le plus de connaissances et d’habiletés possible à mon enfant pour l’aider à se débrouiller dans la vie. Spontanément, je tournais ses jeux d’enfants en apprentissages. Je me rends compte que je continue dans cette voie, même si elle ne joue plus comme avant.

Si ma fille a été inquiète et perturbée de manquer certains aspects de son parcours académique, je sens, avec le recul, que ces semaines passées à la maison n’auront pas été vaines. Peut-être sera-t-elle un peu rouillée en maths ou en grammaire. Peut-être que le retour à la normale sera ardu. Mais l’expérience qu’elle vit aujourd’hui la suivra pour le reste de sa vie. Je la sens plus autonome, plus débrouillarde. Plus adaptée à gérer les situations stressantes. Je suis fière d’elle.

Moi aussi j’ai appris quelque chose d’important durant ces semaines de confinement: les salles de classe n’ont pas toutes quatre murs, des pupitres et un tableau. Et en chacun de nous sommeille un.e enseignant.e, un.e pédagogue, un.e modèle. Il suffit de le laisser s’exprimer!

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