Mon petit monde s’est finalement écroulé la semaine dernière. Rassurez-vous, ma famille et moi sommes en santé, mais nous avons perdu plusieurs de nos repères. Le début de l’histoire remonte à un peu plus d’un mois.
21 février 2020. Nous recevons une offre d’achat pour notre maison, une offre que nous allons accepter quelques jours plus tard.
11 mars 2020. Toutes les conditions de l’offre d’achat sont officiellement levées. L’affiche À vendre sur notre terrain arbore à présent le signe VENDU. C’est le temps de célébrer, une bouteille de champagne à la main! Cette étape est un pas de plus vers notre projet de tour du monde en famille qui doit débuter en juillet.
18 mars 2020. Les écoles et les garderies ferment afin de limiter la propagation du virus. Nous embarquons donc dans l’aventure du télétravail, tout en occupant de nos enfants à la maison. Les frontières mondiales se ferment graduellement et les voyages non essentiels ne sont plus recommandés. Notre tour du monde en famille est sur pause pour une durée indéterminée.
Nous n’avons plus de maison et nous ne parlons plus de voyage. Mais nous avons encore un travail et la famille est en santé.
24 mars 2020. Le gouvernement du Québec annonce la pause du Québec pour au moins 3 semaines. Les commerces ferment leurs portes, les gens commencent à perdre leur emploi. J’ai de la chance, l’entreprise où je travaille est considérée comme service essentiel.
Notre projet de voyage est reporté, mais nous devons tout de même quitter la maison à la fin mai. Cependant, j’ai encore un travail et la santé est toujours au rendez-vous.
27 mars 2020. Un meeting d’entreprise s’ajoute à nos agendas à la dernière minute. La décision vient de tomber: il y aura de nombreuses mises à pied, effectives le jour même. Moins de 30 minutes après la rencontre virtuelle, mon superviseur me demande si j’ai une minute. Mon monde s’écroule à cet instant.
Plus de maison, plus de voyage et maintenant, plus de travail. Une chance que nous avons encore la santé.
La nouvelle est encore fraîche, ça fait encore mal. La pilule n’est pas complètement avalée, mon orgueil est encore blessé. Je sais que ça passera et que ça sera probablement pour le mieux, mais pour le moment, c’est encore douloureux.
Les deux dernières semaines se sont bien passées, dans les circonstances. Elles ont cependant été très fatigantes et stressantes. Jongler entre la performance au travail et l’attention offerte aux enfants n’est pas une tâche facile. On se sent rapidement dépassé.e et médiocre dans toutes les sphères de notre vie.
Cette semaine, je peux donc réellement consacrer du temps à mes enfants, je peux respirer un peu, puis apprendre à ralentir (car, on va se dire les vraies choses: avec le télétravail et les enfants à la maison, on oublie ça, ralentir!). Puis, nous avons la santé. Car, en fin de compte ces temps-ci, c’est vraiment tout ce qui compte: la santé et la famille.
Alors, s’il vous plaît, respectez les consignes à la lettre. Faites que ma mise à pied et celles des milliers d’autres Québécois.es permettent d’aider à maintenir l’économie du Québec. Faites que le travail acharné du personnel de la santé permette de réduire au minimum le taux de mortalité de ce vilain virus.
S’il vous plaît, restez chez vous. Il ne nous reste que la santé, il ne faudrait surtout pas qu’elle s’envole en fumée, elle aussi.