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Maman a un horaire de travail atypique
Crédit: Unsplash

« Maman, pourquoi tu travailles plus que papa? »

Cette question, posée par mon fils de 6 ans cette semaine, m’a attristé. Ces paroles, à la fois transparentes et innocentes, m’ont blessée parce que je ne travaille pas plus que mon conjoint, mais j’ai un horaire qui donne vraisemblablement cette impression. En fait, je travaille à temps plein tout comme son père, mais mon horaire est variable, non traditionnel et donc peu idéal pour une vie de famille.

Je suis éducatrice dans un centre jeunesse et comme tous mes collègues à temps complet, je travaille deux soirs par semaine (les lundis et mardis jusqu’à 22h pour ma part) et je travaille également une fin de semaine sur trois.  

Heureusement, mes enfants ont la chance d’avoir un père présent, impliqué et disponible qui fait les routines de soirs seul et qui gère la gym et la piscine lors de ma fin de semaine de travail. Honnêtement, tout comme mes cocos, je suis chanceuse de l’avoir.

Mon horaire a de bons et de moins bons côtés. Mes premières années de maman, avant le début de l’école pour mon grand, on s’est permis de dormir les lundis et mardis matins, on s’est autorisé à faire la grasse matinée en pyjama collés devant la télé, on s’est fait des déjeuners de style brunch et on a pris notre temps.

Bruce Mars on Pexels

Avec l’entrée à la maternelle, j’ai maintenant le privilège de pouvoir dîner avec mon grand, de l’accompagner en classe lors de certains ateliers et d’être proche s’il est malade. Puis, de temps à autre, je profite également de mes matins pour faire une sieste, me mettre à jour dans mes séries, étudier ou simplement me reposer avant mon quart de travail.

Avec trois jeunes enfants, cet horaire atypique me permet de planifier les nombreux rendez-vous le matin lorsque je ne travaille pas et d’ainsi éviter de prendre des congés non payés. Le seul hic, c’est que parfois, cela me fait des journées interminables entre la garderie, le dentiste, le lavage, gérer le lave-vaisselle, le dîner, l’école et le travail.

D’un autre côté, au grand désespoir de mes enfants, mon horaire m’empêche d’être présente deux à trois soirs semaines. En fait, je suis présente lors de la routine du dodo des adolescents de mon unité plutôt que de border mes trois cocos. Je dois admettre que lorsque je suis devenue maman, j’ai eu besoin d’un temps d’adaptation en tant qu’éducatrice qui s’occupe du bon déroulement du quotidien d’enfants et d’adolescents.

J’ai quelques fois trouvé mes soirées difficiles lorsque venait le temps de dire « bonne nuit » aux garçons de mon unité alors que je n’avais même pas eu le temps d’appeler mes enfants. J’ai parfois trouvé mes doubles shifts du dimanche matin un tantinet sombres lorsque je partais travailler avant que mes enfants soient réveillés en sachant que j’allais être de retour seulement lorsqu’ils seraient couchés.

Je trouve également difficile d’aller les porter le matin et de les saluer en disant :« Je t’aime, on se voit demain! » Comme si j’étais une maman séparée qui partage la garde alors que je partage plutôt mon temps entre eux et mon rôle d’éducatrice. Avec le temps, je pensais qu’ils s’habitueraient à ma routine, mais c’est plutôt le contraire (si je me fie à leurs questions et leurs propos) :

 

« Pourquoi tu travailles tout le temps, maman? »

« Pourquoi t’es pas là ce soir, maman? »

« Maman, je m’ennuie de toi le soir. »

« Maman, c’est long jusqu’à demain avant de te voir. »

« Maman, peux-tu rester ce soir et papa ira travailler? » (Si seulement c’était si simple.)

 

Bref, toutes ses phrases me fendent le cœur.

Mon travail je l’aime; je m’y sens épanouie et stimulée. Par contre, sachant que ma présence auprès de mes enfants n’est pas suffisante à leurs yeux, je me remets parfois en question. Actuellement au centre où je travaille c’est l’exode des éducateurs vers des milieux de travail qui offrent de meilleurs horaires : écoles, CLSC, CPE, cliniques privées, etc.

Plusieurs de mes collègues ont déserté les lieux afin de profiter d’une meilleure conciliation travail-famille. Suis-je naïve de rester? Suis-je égoïste de continuer cette carrière que j’adore, mais qui affecte mes enfants? Suis-je une maman égocentrique d’aimer mon travail et d’avoir du plaisir pendant mes shifts – un peu fous – du mardi soir?

Mais bon, ce n’est pas ce soir que je prendrai une décision puisqu’il est 23h, je viens d’arriver à la maison, je suis brûlée, je dois me doucher et ensuite, j’irai embrasser mes trois amours à tour de rôle avant d’aller me coucher.

 

Avez-vous aussi un horaire atypique et parfois difficile à gérer?

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