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Pourquoi est-ce aussi compliqué d’avoir accès à des soins médicaux au Québec?
Crédit: SuwanPhoto/iStock

J’ai eu assez de chance dans ma vie médicalement parlant. J’ai fait de l’asthme plus jeune, de façon sévère, et ça s’est résorbé. J’ai eu des maux de ventre paralysants et des petits vomis jusqu’à ce qu’on trouve que je faisais ~ seulement de l’anxiété ~, ce que j’ai essayé de contrôler par la suite. Ensuite, on n’avait pas de médecin de famille, mais un médecin qui se déplaçait pour les urgences au privé (mais pas trop cher). Puis, mon médecin de suivi de grossesse a bien voulu être mon médecin de famille jusqu’à ce qu’elle arrête de faire de la médecine familiale et qu’on l’apprenne par une lettre vraiment plus tard. J’ai donc fait ce qu’il fallait, je me suis inscrite sur la liste d’attente pour un médecin de famille avec mon garçon, et j’ai attendu.

Quand j’ai voulu savoir si j’étais TDAH et what’s up avec mon cerveau, j’ai pris 1 200 $ de mon argent et je suis allée voir un neuropsychologue au privé. On m’avait dit que c’était en moyenne 4 ans d’attente parce que j’étais une adulte, donc pas prioritaire. J’ai levé le flag que j’avais l’impression que je me dirigeais vers un burn-out et on m’a dit que c’était normal d’être fatiguée quand on est entrepreneure et mère.

Quand j’ai eu besoin de voir un psychiatre (en fait ma sœur et moi) pour parler de TDAH et de médication, j’ai encore une fois eu la chance d’avoir un numéro pour un psychiatre qui prenait des cas simples. Heureusement, j’ai pu le rencontrer rapidement. Ça a littéralement changé ma vie, ce move-là. Après, je n’ai pas eu besoin de médecin jusqu’à ce que j’aie un petit souci de stérilet et une infection urinaire back à back. Je me suis retrouvée dans le dédale des procédures, à essayer d’obtenir des soins quand ce n’est pas urgent, mais que c’est quand même important.

Je devais consulter dans une clinique, alors j’ai fait les étapes qu’on m’a toujours répétées :

  1. Appeler le 811 pour obtenir les conseils d’un.e infirmièr.e.
  2. Me faire dire d’aller à la clinique.
  3. Appeler une clinique, me faire dire que je n’ai pas de médecin de famille, donc pas de rendez-vous.
  4. Me faire donner une liste de cliniques.
  5. Appeler la clinique, me faire dire qu’il faut appeler pile à une heure le soir pour obtenir un rendez-vous, sinon c’est impossible.
  6. Me faire dire que je devrais prendre un rendez-vous avec Bonjour Santé.
  7. Être frue de devoir payer 15 $ pour prendre un rendez-vous quand ça devrait être gratuit comme nos taxes paient déjà pour le service des médecins.
  8. Être frue de moi-même de penser à mes taxes.
  9. Penser aux gens défavorisés qui ne peuvent pas se permettre de payer 15 $.
  10. Me dire que je comprends donc les gens d’engorger les urgences si c’est aussi compliqué que ça de voir un médecin.

Quand je parle aux gens qui m’entourent, on est tous d’accord sur le fait que ça n’a pas de bon sens. C’est une lutte à recommencer chaque fois qu’on a besoin de soins. Ce n’est pas à cause du personnel hospitalier, c’est vraiment le système et la gestion qui sont tout croches. C’est frustrant de voir une compagnie privée s’enrichir parce qu’elle a trouvé un système qui donne des rendez-vous quand on n’a pas de médecin de famille. C’est vraiment plate de voir le personnel hospitalier être à boutte parce que c’est géré sans prendre en compte que c’est d’humains dont il s’agit. C’est poche de ne pas recevoir de soins adéquats et humains des médecins, qui sont à boutte eux aussi, qui doivent passer le plus de monde possible dans leur journée parce que ça tombe aussi sur leurs épaules.

Je vois le ministre Barrette se péter les bretelles avec ses petits cadeaux préélectoraux, et ça me donne mal au cœur pour toutes les personnes marginalisées qui doivent se battre pour avoir des services sans avoir de soutien ou de personne phare pour les aider à démêler le tout.

Je suis vraiment pessimiste, et on dirait que je n’ai aucune raison de ne pas l’être.

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