Je ne peux pas croire que j’ai lu cette nouvelle du quotidien The Guardian ce matin. L’État de l’Ohio a introduit un nouveau projet de loi qui force les médecins à réimplanter une grossesse ectopique et tout refus de pratique est passible d’une accusation de meurtre par avortement (traduction libre de « abortion murder »).
Pour les femmes qui vivent une grossesse ectopique, c’est-à-dire que l’embryon se développe hors de l’utérus, la plupart du temps dans les trompes de Fallope, la mort est quasi inévitable si la grossesse est poursuivie. Et cette mort est souvent lente et excessivement douloureuse (hémorragie interne suite à la rupture de la trompe de Fallope), en plus de mener au décès du fœtus. La seule solution est de stopper la grossesse et la réimplantation est tout simplement impossible du point de vue médical.
Lorsque le projet de loi a été annoncé, plusieurs médecins en obstétrique et en gynécologie ont fermement déclaré que la réimplantation du fœtus issu d’une grossesse ectopique est un acte médical qui n’existe pas, qui n’est pas possible. Le Dr David Hackney a d’ailleurs dénoncé le projet de loi en écrivant tout simplement « Je n’arrive pas à croire que je dois encore écrire ça, mais l’intervention est impossible. Nous irons tous en prison. » [traduction libre]
The new Ohio HB413, p.184: To avoid criminal charges, including murder, for abortion, a physician must “…[attempt to] reimplant an ectopic pregnancy into the women’s uterus”
I don’t believe I’m typing this again but, that’s impossible.
We’ll all be going to jail@ACOGAction pic.twitter.com/KtnNRShZLW— David N Hackney MD, FACOG (@DavidNHackney) November 19, 2019
En plus de demander l’impossible, ce nouveau projet de loi punit sévèrement les futurs contrevenants. Des accusations de meurtre par avortement peuvent mener à la vie en prison et un nouveau crime « meurtre aggravé par avortement » (traduction libre de « aggravated abortion murder ») mène carrément à la peine de mort.
Donc, si un médecin refuse de réimplanter une grossesse ectopique, il peut en mourir par la loi, au même titre que la femme enceinte.
Je vais citer ma collègue, Véronique, parce que je trouve qu’elle résume parfaitement la situation : « Ils aiment mieux tuer les femmes que de perdre le contrôle sur leur corps. »
Ultimement, le projet de loi a de fortes chances d’être bloqué en Cour suprême, mais disons que juste le fait qu’il existe m’écoeure au plus haut point.
Notre corps, notre choix. Ça ne devrait pas être plus compliqué que ça.