Il est 4h30 AM, le cadran sonne et je dois me lever pour faire l’amour. Non, je rectifie: je dois avoir une relation sexuelle dans le but de procréer. J’enlève mes culottes, on fait ce qu’il faut et je me rendors tandis que mon homme part travailler.
La procréation assistée, ce long et préoccupant processus par lequel j’ai dû passer pour avoir mes cocos, m’aura enlevé, le temps de quelques saisons, mon désir de faire l’amour par plaisir. Je me souviens d’un samedi soir, collés dans le lit, j’avais envie d’être coquine, mais comme mon insémination était lundi matin, pas question de « gâcher » ça.
Eh oui, tout est une question de calcul et de « timing »! Les jours sont comptés, les injections sont bien dosées, l’échographie doit avoir lieu à une date précise, l’ovulation est déclenchée, puis on part presque avec une prescription de où, quand et comment faire l’amour. Correction: on ne fait pas l’amour, on fait des bébés!
La magie, les fantaisies, le désir et les préliminaires, ça n’existe plus. On fait place aux alarmes, au calendrier, aux automatismes et à un profond sentiment de découragement lorsqu’il faut recommencer.
Les mois passent et on devient comme des robots programmés à faire du sexe dans le seul et unique but que je tombe enceinte. Pour moi, cette période de traitements aura duré 15 mois. Quinze mois à avoir des relations sexuelles de façon mécanique. En fait, les premiers cycles de traitements, nous avions des relations, mais à des moments bien précis.
Malheureusement pour nous, cette méthode n’a pas fonctionné. Nous sommes donc passés à l’étape de l’insémination, une technique par laquelle le sperme de l’homme est artificiellement introduit dans la cavité utérine de la demoiselle. À ce moment, nos corps n’avaient plus à se rencontrer. En fait, le jour où mes deux petits ont été conçus, mon chum n’était même pas là. J’étais seule dans ma petite salle, les genoux dans les airs à espérer que cette fois soit la bonne .
Après 8 inséminations artificielles, j’étais enfin enceinte et cette étape de notre vie nous aura rendus plus forts (et plus fatigués) parce que j’ai finalement eu la chance incroyable de porter et de mettre au monde 2 enfants plutôt qu’un. Mes jumeaux (pas si jumeaux que ça finalement) auront été conçus le 25 mai 2015 à 10:15 et ils sont nés le 27 janvier 2016 à 7:58 et 8:03 et cette fois, mon homme était présent.
La vie de couple a repris son cours, mais nos rapprochements étaient devenus une corvée plutôt qu’une envie. Après ce triste constat, on a dû réapprendre à faire l’amour par désir et non par « obligation ». La flamme qui nous allumait autrefois s’était éteinte et il allait falloir mettre des étincelles dans notre chambre à coucher pour que nos corps s’enflamment à nouveau.
Petit à petit, on a recommencé à « flirter » comme des ados en quête de bon sexe sans autre but que le plaisir. Il a fallu réapprivoiser notre intimité, réapprendre à se découvrir et à aimer nos corps. Puis, naturellement, nous nous sommes rappelé que le sexe ne sert pas juste à concevoir un enfant et que l’objectif principal peut enfin être l’orgasme!
À tous les parents qui sont passés par les traitements de fertilité, avez-vous eu de la difficulté à surmonter cette épreuve?