Hier, l’information m’a saisie. Elle a claqué dans mon esprit, comme une porte qui se ferme violemment, un coup de tonnerre alors qu’on est seul à la maison. J’ai ressenti l’angoisse, la peur, l’horreur. J’ai eu peur pour mes enfants, mes petits-enfants.
Hier, nous étions le 29 juillet. C’était l’été et les vacances, il faisait beau et chaud. Pourtant, depuis hier, l’humanité vit à crédit. Nous avons officiellement consommé toutes les ressources que la terre peut produire en une seule année. Et nous irons l’épuiser davantage pour passer les 5 mois qui restent, sans même vraiment se demander si on devrait changer quelque chose. On poursuivra notre mode de vie, comme si ce n’était pas si grave.
Pourtant, les statistiques sont sur la table depuis des années. Nous les avons sous les yeux, mais comme une tâche un peu désagréable, on remet toujours à plus tard. Parce qu’on aime la facilité, on aime le confort de notre société moderne. Parce que changer signifierait une baisse considérable de l’économie. Sauf que ce « plus tard » devient de plus en plus dangereux. Un jour, ça va nous exploser en pleine face, et il sera trop tard pour essayer d’inverser les choses. Si l’on n’arrête pas, maintenant, il n’y aura plus rien pour les générations futures. L’humain est une créature égoïste. Ce qui ne le touche pas directement ne semble pas l’affecter outre mesure.
Comment percevrons-nous cette consommation désormais à crédit? Il y aura toujours nos aliments à profusion au supermarché. Nous mettrons de l’essence dans notre voiture comme nous le faisions au début du mois. Nous achèterons des biens suremballés, nous nous procurerons de nouveaux vêtements cet automne. Nous mettrons notre bac de recyclage au bord du chemin, la conscience tranquille.
Nous ne ressentirons pas directement que nous sommes désormais dans le rouge jusqu’au 31 décembre. Nous ne saisirons pas que l’année prochaine, ce sera la même chose. Et année après année, on traînera cette balloune qui grossit sans cesse. Nous épuiserons tout ce que la Terre peut nous donner, nous prendrons comme si cela nous était dû de par notre nature ou notre intelligence.
Jusqu’à ce qu’il n’y ait plus rien.
Vous souvenez-vous de cette chanson des Cowboys Fringants, écrite il y a presque 15 ans? Les choses ne sont pas tant différentes maintenant. Je l’ai en background pour l’écriture de ce billet, et j’en pleure.
L’aberration, c’est que très peu de partis politiques se lèvent pour parler des conséquences de notre surconsommation. Très peu d’élus mettent en priorité les questions environnementales. Ça apporte sûrement moins de votes, moins de popularité, que d’imposer la laïcité de l’État ou de légaliser le cannabis. Ceux qui essaient de changer les choses, on leur dit qu’ils pellettent des nuages, que ce sont des partis de licorne, qu’ils ne disent que des non-sens.
L’ironie, c’est qu’avec ce genre de propos, c’est l’humanité tout entière qui pellette ses propres nuages en croyant que notre mode de vie traversera tous les âges. On est capable de se lever pour certaines situations, partir en vrille pour une petite sirène qui n’aurait pas la bonne teinte de peau ou une femme qui décide de se couvrir les cheveux. Mais, on ferme les yeux sur les signes qui pleuvent par milliers: extinctions animales, réchauffement de la planète, fonte des glaciers, saisons débalancées.
Je ne veux pas partir de débat, mais plutôt qu’on se soutienne, qu’on marche d’un seul mouvement. L’environnement devrait être la priorité partout, tous les jours, peu importe nos divergences dans nos valeurs, nos croyances ou nos principes. Collectivement, je veux qu’on ressente l’urgence d’agir, le danger de notre mode de vie. Que notre descendance puisse avoir les mêmes chances que nous avons eues. Par amour pour nos enfants, levons-nous pour changer les choses. Soyons responsables, conscientisés, intelligents dans nos choix. Laissez-moi terminer sur cette citation très inspirante, très criante de vérité:
“Nous n’héritons pas de la Terre de nos parents, nous l’empruntons à nos enfants”
Antoine de Saint-Exupéry