Je sais que pour plusieurs, parler de sa santé mentale est un sujet encore hyper tabou. Il y a une énorme stigmatisation autour des maladies mentales et même si on sent que la société s’ouvre davantage à ces problèmes, ça reste tout de même rare que les gens en parlent ouvertement.
Quand je me suis retrouvée seule dans ma chambre d’hôpital après avoir accouché d’urgence de mon garçon à 28 semaines de grossesse, une travailleuse sociale est venue me visiter. Sur le coup, j’étais tellement déconnectée de la réalité (du genre que je me flattais la bedaine vide), que cette rencontre me paraissait un peu futile. Avant qu’elle ne parte, elle m’a tout de même fait promettre qu’une fois la poussière retombée, je m’occuperais de moi.
On a pu rentrer à la maison début décembre, mais puisqu’on voulait à tout prix éviter que notre bébé fragile tombe malade, j’ai passé le temps des Fêtes plutôt seule pendant que mon chum essayait de garder la magie pour notre plus vieux. Puis s’en est suivi un hiver vraiment poche: peur des microbes, températures glaciales et verglas à n’en plus finir.
En février, j’ai décidé qu’il était temps de remplir ma promesse faite à la travailleuse sociale et de chercher un support psychologique pour pouvoir adresser le trauma de cette naissance imprévue. J’ai rapidement réalisé que ce n’était pas super facile de trouver quelqu’un de disponible et encore moins le soir, quand mon conjoint pouvait prendre la relève. J’ai donc décidé d’écrire à une psychologue dont le profil me plaisait, et je lui ai demandé si je pouvais venir avec mon bébé.
J’étais tellement nerveuse de me rendre au premier rendez-vous que j’ai failli annuler. Je me disais que le bébé allait pleurer et qu’on ne pourrait pas parler, que je ne serais pas capable de m’ouvrir devant lui ou que ce serait trop de gestion.
Jamais je n’aurais pu croire que sa simple présence allait me permettre d’adresser les vraies choses qui me chicotaient. Que de regarder dans ses yeux pendant que je disais à voix haute à quel point je me sentais coupable me permettrait de mettre un baume sur mon coeur. Que j’avais besoin de son grand sourire pas de dents et de ses yeux remplis d’amour dans ces moments-là. Que de le serrer sur mon coeur alors que j’affirmais que oui, je suis une bonne mère, viendrait retirer ce doute qui refusait jusque là de quitter mon esprit.
Et puis, oui, parfois, il pleure ou il gigote. Mais jamais ça ne nous a dérangées. Au début je le mettais souvent dans l’écharpe et je le berçais doucement. Je l’ai souvent allaité, et maintenant, on met une grande couverture par terre pour qu’il puisse jouer avec ses jouets.
Je suis surtout fière de ne pas avoir laissé faire. De ne pas m’être dit que ce serait trop compliqué et que ça ne valait pas la peine. Car, au contraire, ces moments passés ensemble resteront à jamais gravés dans ma mémoire et je suis reconnaissante envers mon petit bonhomme de m’accompagner dans ce cadeau que je m’offre; celui de m’occuper de ma santé mentale.
Personne n’a honte d’aller chez son médecin pour traiter un bobo. Alors pourquoi avoir honte de traiter les bobos qu’on a dans notre tête et dans notre coeur?
*Je reconnais avoir l’immense privilège d’avoir le temps et les ressources financières pour me permettre cette thérapie. Si vous aussi, vous avez cette chance, n’hésitez pas à consulter. Il est aussi possible de trouver de l’aide psychologique gratuite offerte par les hôpitaux, les centres intégrés de santé et de services sociaux (CISSS) et les CLSC. Même si les délais au public peuvent être longs (en fonction de la problématique pour laquelle vous désirez consulter), n’hésitez pas à vous inscrire sur les listes d’attente et à vérifier les options qui s’offrent à vous selon votre région grâce aux coordonnées disponibles ici et aux informations offertes sur le site de l’Ordre des Psychologues du Québec ici.*