J’aperçois régulièrement des publicités faisant la promotion de dispositifs destinés aux parents de jeunes enfants, à installer dans la voiture… vous savez, ces pense-bêtes qui rappellent qu’un bébé se trouve à l’arrière dans son siège d’auto. Sous ces annonces, plusieurs commentaires épouvantables me font dresser les cheveux sur la tête. En effet, aux dires de tous ces parents « parfaits » du Québec, il faut être « un cave, un imbécile, un sans-génie dépourvu de considération et d’amour pour ses enfants » pour oublier son petit cœur, la prunelle de ses yeux, dans un véhicule sous le soleil ou dans le froid. Jugez-moi, mais je crois que personne n’est à l’abri d’un tel accident.
Quand j’étais petite, ma mère m’a oubliée à la garderie de l’épicerie une fois. Dans le feu de l’action de ses commissions, elle m’a laissée derrière et ce n’est qu’à son retour à la maison qu’elle l’a réalisé. Rien de bien grave, puisque j’étais sous la supervision d’une gardienne et qu’elle a tout de suite téléphoné pour aviser qu’elle revenait me chercher sur-le-champ. Ma mère était (et est toujours, d’ailleurs) la meilleure maman qu’on puisse avoir: douce, attentionnée, aimante et très organisée. Elle n’avait pas l’habitude des oublis, et pourtant…
Ces gens qui, chaque année, oublient leur enfant dans la voiture… ils semblent avoir un pedigree semblable… des parents aimants, sans histoires, impliqués et remplis d’affection pour leur tout-petit. Ils n’ont pas abandonné leur bébé endormi dans le stationnement du centre d’achat pour aller se claquer une virée de magasinage. Ils ont été victimes d’un oubli accidentel suite à un vilain tour que leur a joué leur cerveau. Ce qu’ils ont aussi en commun, c’est qu’ils n’ont jamais eu l’intention de se retrouver du jour au lendemain en deuil de leur enfant qu’ils adoraient.
Ces parents qui ont vécu l’impensable et qui sont soumis chaque jour au jugement des autres, j’ai mal pour eux. J’ai le goût de les prendre dans mes bras et de leur dire, même si c’est difficile à concevoir, que ce n’est rien d’autre qu’un accident. Même si ça va leur prendre plus qu’une vie pour s’en remettre, qu’ils ne dormiront plus jamais sur leurs deux oreilles, qu’ils vont se culpabiliser et revoir le déroulement de la journée fatidique en boucle; ils méritent toute l’empathie du monde au même titre que toutes les victimes d’accident.
Même si je me considère comme une mère qui a bien de l’allure, je ne me sens pas au-dessus de ces inattentions aux conséquences graves. Souvent, lorsque je gare ma voiture, je me retourne frénétiquement plusieurs fois pour vérifier si des petits pieds dépassent du siège d’auto. C’est presque rendu un TOC! Je ne veux tellement pas en oublier un derrière…
Pour toutes ces raisons, je me permets de les zyeuter, ces publicités de gadgets rappelant qu’un enfant est à bord de l’auto. Tout ça parce que j’ai la conviction que si ces tragiques accidents sont survenus avec de bons parents momentanément distraits, ça pourrait peut-être m’arriver aussi. En ce qui concerne les commentaires déplacés sous ces mêmes annonces, j’espère de tout cœur que leurs auteurs prendront conscience qu’ils n’ont pas leur place, alors que des entrepreneurs proposent tout simplement des solutions pour éviter le pire. Pour éviter, le plus possible, les accidents.