Ma vie familiale est un peu atypique. Une famille de deux mamans-bedons, ça implique que mes enfants ne sont pas tous biologiquement liés. Nous avons expérimenté, Maman2 et moi, la maternité de deux manières différentes. J’ai porté notre fils et elle a porté notre fille. J’ai occupé la chaise de « maman » et celle de « papa ». C’est de loin l’expérience atypique la plus belle de toute ma vie. Vivre l’accouchement et assister l’accouchement de mes enfants, c’est une possibilité que l’homoparentalité m’a donnée.
Lorsque ma fille est née, par un heureux hasard, elle avait des caractéristiques génétiques récessives. Une petite blonde aux yeux bleus, alors que Maman2 est brune tant des cheveux que des yeux. Cocotte est le portrait tout craché de Maman2, mais en version pâle. De mon côté, avec mes cheveux châtains clairs et mes yeux bleus, ma fille parait avoir hérité des mes gènes, alors que c’est impossible.
Lorsque je suis seule avec ma fille, on me passe régulièrement le commentaire qu’elle me ressemble beaucoup. Il n’est pas rare que des étrangers s’approchent de nous pour me dire à quel point elle est magnifique et qu’elle ressemble à maman comme deux gouttes d’eau. Certaines personnes ont été jusqu’à me dire qu’elle est mon portrait tout craché, une copie conforme. À chaque fois que l’on me fait ce commentaire, ça me fait sourire. Lorsque l’on nous regarde, ma fille et moi, personne ne se doute que j’ai dans les bras, une petite peanut qui n’a aucun lien de sang avec moi. Ils ne voient qu’une maman et sa fille. Cette magnifique petite puce ne vient pas de mon bedon, mais dans le regard des autres, ça ne se voit pas. Et c’est très bien comme ça.
J’ai compris avec le temps que la ressemblance, ce n’est pas qu’une question de gènes. La ressemblance c’est également une question d’expression faciale. Ça se voit dans chacune des mimiques, attitudes et réactions que ma fille enregistre en nous regardant, Maman2 et moi. Comme une petite éponge, elle absorbe tout ce qu’elle me voit faire et le reproduit devant le regard attentif d’étrangers à l’épicerie, chez le médecin ou bien à la pharmacie.
À travers ses réactions et ses mots babillés, je me rends compte qu’elle me reflète une version miniature de moi-même. Quand je la vois faire le bacon de tout son long par terre ou bien s’offusquer à la moindre contrariété (pendant 45 minutes), je me dis, qu’en effet, elle retient un peu (beaucoup) de moi. Elle a hérité de mon caractère soupe au lait.
Ma fille et moi n’avons pas un seul chromosome commun, mais sa manière d’être et d’agir fait en sorte qu’au final, personne ne pourrait remettre en question le fait qu’elle est ma fille.
Cette petite cocotte ne vient pas de mon bedon, mais une chose est certaine, je suis bel et bien sa maman et rien ne changera ça.
Crédit: Mig Geoff