« Maman, pourquoi on ne voyage jamais? »
Boom. La vérité sort de la bouche des enfants. C’est vrai : mes enfants ont peu voyagé. On est souvent dans des chalets, même Cape Cod, mais non, mes enfants n’ont encore jamais pris l’avion. Et ce n’est pas faute d’avoir flirté avec l’idée, si notre situation financière nous le permettait, je rêverais de faire découvrir le monde à mes enfants…
Ma fille a plusieurs ami.e.s qui voyagent souvent durant l’année. L’Europe l’été, Cuba l’hiver et Disney World à la relâche… Oui, vous l’aurez deviné, beaucoup d’enfants de son école sont issus d’un milieu aisé. Le quartier étant plutôt hétéroclite, il y a de tous les genres. Mon guess est qu’on doit se situer à peu près au milieu. Ma fille évolue donc dans un environnement diversifié où elle voit de tout. Et j’apprécie cela pour une raison : je veux apprendre à mes enfants à ne pas être envieux. C’est un sentiment que je déteste. Il vaut toujours mieux se réjouir du bonheur de nos proches. Les envier ou les jalouser est un vil sentiment qui ne sert qu’à nous faire sentir moche. Certaine.s pourraient dire que c’est l’envie qui les ont poussé.e.s à de grandes choses, mais je suis persuadée que ces « grandes choses » n’avaient qu’un seul but : s’enrichir. Et le monde n’a pas besoin d’un Trump supplémentaire.
Quelques semaines plus tard, alors qu’elle m’entend me plaindre que je suis toujours en train de faire du ménage (parfois j’exagère aussi!), ma fille me lâche : « On a juste à prendre une femme de ménage comme chez mon amie. » Oups. Encore là, pas les moyens pour ça. Re-discussion avec mon enfant.
D’autres jours passent, on s’amuse avec les voisin.e.s dans la rue. Le bonheur facile : un frisbee, une balle et des craies pour le trottoir… Jusqu’au moment où un des petits voisins doit nous quitter pour son cours de tennis. Rebelote : ma fille me demande pourquoi elle prend seulement des cours de karaté (euh… pardon??) et qu’elle aimerait, elle aussi, faire du tennis. Et me revoilà à avoir une discussion sur la valeur des choses et la différence entre les salaires de chacun avec ma fille de 6 ans. Et plus je parle, plus je me rends compte que je tourne autour du pot alors que ce que j’ai à lui dire est très simple : « Chérie, les voisins sont plus riches que nous. »
Fin de la discussion.
Et sa réponse fut : « Au fond maman, ça dépend où on décide de mettre notre argent. Eux, on décidé de le mettre là. »
Elle ne le disait pas sur un ton de reproche (au contraire), mais plutôt avec une grande sagesse. Et j’ai compris que je voyais ses questions avec mes yeux d’adulte. Que quoi qu’on fasse, en apprenant la valeur de l’argent, on finit par se comparer aux autres et alors s’amplifient les différences, se creusent les fossés. Au fond, je me sentais menacée par ses réactions, car j’y décelais de l’envie, mais il n’en était rien. C’est moi l’envieuse! C’est moi qui voudrais Cuba by day et le chalet de Tremblant by night.
Le plus beau dans cette histoire, c’est que l’autre jour, ma fille s’est exclamée : « Maman, j’adore notre maison, je ne veux jamais qu’on déménage. »
Tout était dit.
Non, on ne déménagera jamais ma puce. Notre maison est parfaitement grande pour contenir notre bonheur, mais par exemple, si maman a un gros retour d’impôts l’an prochain, elle aimerait ben ça vous amener à Cuba!
Comment discutez-vous d’argent avec vos enfants?