La semaine dernière, une amie des réseaux, en voyage à New York, racontait comment elle s’est interposée dans une conversation qui dégénérait entre un homme et sa conjointe. Le ton montait, il était agressif et semblait menaçant. Devant l’inaction des gens autour, qui regardaient ou filmaient sans tenter de se porter à la défense de la femme visiblement apeurée, mon amie est intervenue. Par instinct, par solidarité féminine, elle s’est adressée au gars pour essayer de le calmer. La suite a été plutôt chaotique, ça s’est terminé par un appel à la police qui a escorté l’homme en dehors du parc où tout ça s’est produit. Vous devinez dans quel état était mon amie suite à cette mésaventure traumatisante. Mais elle l’a fait!!! Elle l’a fait et je ne pense pas qu’elle regrette.
Moi aussi j’ai déjà pris ce genre de risque pour une fille qui se faisait crier après sur le trottoir par un grand six pieds. Je n’ai pas réfléchi aux conséquences, j’ai juste réagi de façon viscérale, en lui demandant « Ça va mademoiselle? », en lui redemandant « Vous êtes sûre? ». Le grand six pieds m’a envoyé chier et ils ont continué leur chemin, il ne criait plus. Peut-être que ça n’a rien changé, peut-être qu’il a continué de l’engueuler en chuchotant. Mais peut-être que ça l’a incité à se calmer aussi. Je ne sais pas, mais une chose est sûre, je ne pouvais pas ne rien faire. Après coup, je me suis dit que l’idéal aurait été d’aller prévenir un policier qui aurait pu assurer un suivi auprès de la jeune femme, mais bon, j’ai agi sur le vif, je voulais qu’elle sache qu’elle n’était pas seule, ça lui a peut-être donné un peu de courage…
Je ne vous raconte pas ça pour avoir l’air d’une héroïne ou pour vous faire la morale, je vous raconte ça pour vous illustrer l’importance de ne pas se fermer les yeux et se boucher les oreilles, d’essayer de ne pas tomber dans l’indifférence, même si c’est toff parfois. Le sentiment de sécurité, le filet social, c’est nous tous qui les tissons, en s’impliquant, pas en détournant le regard.
Si ça avait été ma fille qui s’était fait hurler à un pouce du nez dans Central Park, j’aurais été heureuse qu’une Anne-Marie s’interpose. Ou qu’elle aille chercher du renfort, ou qu’elle appelle le 911, peu importe. Mais qu’elle tente quelque chose, qu’elle ne fasse pas comme si de rien n’était parce que ce n’est pas de ses affaires… Merci Anne-Marie, merci à toutes celles et ceux qui refusent de fermer les yeux, vous m’aider à garder foi en l’humanité.