Je crois que j’ai réécrit l’introduction de ce billet 5 fois. À chaque réécriture, je reprenais la même stratégie, je me trouvais mille excuses pour justifier ma décision. Mais c’était à chaque fois redondant et inutile, parce que c’est l’inverse de mon intention derrière la rédaction de ce texte. Alors voici, sans flafla, sans justification de 300+ mots : j’ai décidé de prendre une semaine de vacances, sans enfants, sans conjoint. Je laisse mon chum gérer nos 3 enfants tout seul, pendant que je m’en vais siroter des mojitos en bikini sur le bord de la plage. Et je patauge dans une intense et profonde culpabilité depuis.
J’ai lu plusieurs témoignages en ligne de parents qui sont pour ou contre le fait de prendre des vacances sans leurs enfants. Dans le camp des gens qui voient d’un bon oeil le voyage sans enfants, ce sont souvent des parents qui partent ensemble, pour prendre soin de leur relation de couple et qui militent pour le fait que ce soit bénéfique pour les enfants d’être témoins d’une relation amoureuse saine et inspirante. Dans le camp des gens qui sont contre, on parle souvent du devoir des parents de faire découvrir de nouvelles expériences à leurs enfants, de passer du temps de qualité en famille, etc.
Une récente étude américaine a permis de démontrer que 1 américain sur 5 croit que les parents devrait prendre régulièrement des vacances sans enfants, et 54% des répondants étaient d’accord pour des voyages kidfree pour les occasions spéciales.
Source : today.yougov.com
Dans mon cas, depuis que j’ai des enfants, la seule chose au monde que je désire vraiment, mon rêve le plus fou, c’est du temps pour moi. Seule. Sans avoir à gérer qui que ce soit, enfants, collègues, famille, amis, maison, travail, alouette. Personne, juste moi. Et les seuls moments où j’ai le sentiment de toucher ce rêve du bout du doigt, c’est quand je vais flâner un peu plus longtemps que prévu à la pharmacie. Je suis une pure et dure introvertie (je vous en parlais ici), et j’ai besoin de temps seule avec mes pensées pour recharger mon énergie.
Donc, quand une amie m’a récemment proposé de partir pour une semaine avec elle, dans un hôtel tout-inclus dans l’hémisphère sud, mon premier réflexe a été de me dire mais non, jamais de la vie. Je faisais partie du camp des contre : impossible de faire ça à mes enfants, à mon chum. Une bonne mère ne ferait pas ça, voyons. Qui suis-je pour prendre une décision aussi égoïste? En même temps, nous n’avons pas les moyens financiers de partir tous les cinq pour le moment, et mon amoureux a zéro intérêt pour ce genre de voyages.
Malgré tout, j’ai continué d’y penser, parce que mon désir de m’époumoner en criant OUI JE LE VEUX grandissait dans mon esprit. Mon envie besoin vital de déconnecter mon cerveau de ses responsabilités pour ne serait-ce qu’un court instant devenait envahissant, invalidant. Après de difficiles discussions avec mon chum que j’aime plus que l’univers, j’ai pris la décision d’écouter la petite voix épuisée de crier dans ma tête, et d’enfin acheter mon billet.
Je ne dis pas que ce n’est pas un peu égoïste. Je suis consciente que c’est un dilemme très privilégié et j’en suis très reconnaissante. Mais ce que je dis par contre, c’est que je suis fière de m’être écoutée, fière d’écouter mes différences et de profiter de la vie alors que c’est toujours possible. Je sais que je suis une excellente mère (vous devriez voir la quantité de pissenlits que je reçois chaque année, je ne peux qu’être appréciée de mes enfants), et que ma décision n’en rien mes compétences maternelles.
Vous êtes déjà parti.es en vacances sans votre famille? Si ce n’est pas le cas, est-ce vous le feriez si l’occasion se présentait?