Depuis plusieurs années, je suis ronde. Je m’assume relativement bien. J’ai appris à vivre avec mes courbes, à faire la paix avec le fait que je suis une de ces personnes qui engraissent en regardant un morceau de gâteau. Et que ben non, je ne me contente pas de le regarder. Manger est un grand plaisir pour moi, et avoir du plaisir, c’est primordial dans la vie. Est-ce que je mange mal? Non. Est-ce que je mange trop? Peut-être. Est-ce que j’aimerais être plus en forme? Évidemment. Est-ce que j’en ai eu assez de me taper sur la tête avec mon apparence? Fuck oui.
J’ai donc fait la paix avec mon corps il y a plusieurs années, avec ces courbes qui peuvent s’avérer très sexy. Sauf avec mon ventre.
Il est mou. Il est pendant. Il est strié. Et mon nombril est moche. Il n’est pas tout rond, tout mignon. Il s’étire. Il fait la baboune. Il a l’air d’une fente de machine distributrice. Insérez 25 sous et recevez un câlin.
Il y a leur nombril tout rond et parfait. Leur nombril que j’observe parfois avec étonnement, avec amour. Vestige visible du lien indescriptible qui nous unissait. Ce nombril que j’ai vu apparaître au moment où le dernier morceau de ce cordon vital est tombé. Ce nombril qui me rappelle tous les jours qu’ils étaient dans mon ventre. Attachés à moi. Nourris par ce corps que j’ai eu tant de mal à aimer. Ce corps devenu maison nourricière.
Leur nombril est si beau. Si rond. Si parfait. Il invite les pets de bedaine. Il est tout neuf. Il n’a pas été étiré par la vie, les gâteaux, les grossesses. Mais il me rappelle que mon nombril aussi est beau à sa façon. Que ma mère a elle aussi dû l’observer avec amour. Qu’il est la dernière trace de mon passage dans son ventre, de ce lien vital qui nous a unies. Que s’il fait la baboune, c’est en partie parce qu’il s’est étiré pour faire place à mes deux soleils. Il mérite un peu d’amour lui aussi.
J’aime mon nombril.