Enceinte, on nous dit souvent que l’accouchement sera le plus beau jour de notre vie. Qu’on sera submergée par un sentiment amoureux qui atteindra son apogée au moment où bébé sera déposé sur notre ventre. Eh bien… pas moi.
J’ai eu un accouchement prématuré et très rapide. Du genre que les bagages n’étaient encore dans l’auto quand Maman2 coupait le cordon. Nous ne pensions pas que j’allais accoucher ce soir-là. Dans l’intensité et surtout la rapidité de la chose, je n’ai pas pu me faire à l’idée que j’allais être mère à ce moment.
Quand on m’a remis mon bébé, je n’étais pas en extase. Avec sa tête en forme de cône et sa peau blanche un peu gluante, je le trouvais plutôt laid. Et puis, j’ai eu des complications post-accouchement qui m’ont gardée loin de mon fils durant ses 5 premières heures de vie.
Malgré tout, j’étais contente que ma grossesse soit terminée. Je regardais mon fils et j’étais contente qu’il ait tous ses morceaux. Mais je ne ressentais pas d’amour intense pour lui. Je l’aimais bien, mais je n’étais pas en admiration devant lui. Je me disais que c’était sûrement la fatigue et les complications qui me bloquaient.
De retour à la maison, la situation ne s’est pas améliorée. Je commençais à me sentir coupable. Pourquoi je n’arrivais pas à l’aimer comme toutes les mères aiment leur enfant? Sur Facebook défilaient les statuts d’amies faisant l’éloge de leur nouveau-né. Moi, je ne ressentais pas cet amour intense.
Je me souviens avoir cherché sur Google si c’était normal de ne pas aimer immédiatement son enfant dès sa naissance. J’avais vraiment l’impression d’être une mauvaise mère.
J’ai décidé d’en parler avec Maman2. Ç’a été un soulagement quand elle m’a dit vivre le même détachement par rapport à notre fils. J’ai arrêté de m’inquiéter à partir de ce moment.
Petit à petit, j’ai appris à connaître mon fils. À l’écouter et à le comprendre. J’ai commencé à apprécier son souffle chaud dans mon cou, l’odeur de ses cheveux, la douceur de sa peau. J’ai tranquillement apprivoisé mon nouveau rôle de maman.
Je ne sais pas précisément à quel moment l’amour pour mon fils a commencé à se développer. Mais je me rappelle de ce moment où j’ai eu l’impression d’étouffer. Je regardais mon fils dormir paisiblement dans mes bras. J’ai senti pour la première fois cet amour viscéral. Le genre d’amour qui fait mal par l’intérieur. Un mélange de force et de vulnérabilité. J’ai compris que ce sentiment ne me quitterait jamais.
Et vous, avez-vous eu de la difficulté à tomber en amour avec votre nouveau-né?