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Choisir de couper les ponts avec un parent, pour être plus heureuse encore.
Crédit: www.emephysique.com

Parce que quelque part en 90, j’avais une brand new petite soeur et un genre de famille parfaite dans ma tête d’enfant. On vivait une belle grande maison construite par mon papa (la fierté!) avec piscine pis toute. On avait le droit de souper devant la télé tous les jours et on allait faire le tour de l’île chaque dimanche avec une crème glacée en prime! 

Pis un jour, mon père est parti.

J’ai braillé une fois, dans la cour d’école. Après, je me suis jurée d’être forte, de cacher ma peine et de toujours affronter les obstacles.

C’est là que dans ma tête d’enfant, j’ai grandi un peu trop vite. J’ai fait les liens rapidement et j’ai compris que ma famille, c’était juste du paraître. Une belle maison, 2 beaux chars, un beau chien… pis un père qui partait avant qu’on se couche, qui rentrait saoul ou qui rentrait pas.
Des chicanes étouffées et des sourires forcés.

Mon père a toujours été dans le décor malgré tout, comme il le voulait! Une journée par semaine ou juste une par mois, avec une blonde pas ben ben plus vieille que moi pis des sautes d’humeur de bipolaire. Malgré l’enfant gâtée que j’étais, j’ai fait une crise d’adolescence monumentale sans que personne ne se doute que je manquais d’attention. Je m’ennuyais juste d’avoir un père.

Aujourd’hui, je vis à tous les jours sans comprendre. J’ai des enfants, que j’aime d’un amour immesurable. Chaque soir, je me couche en me demandant pourquoi j’ai été moins aimée que ça, moi. Pourquoi mon père m’aime pas assez pour être présent à mes côtés.

J’ai jamais entendu de félicitations de sa bouche. J’ai jamais pleuré dans ses bras. Pire, je me souviens pas avoir entendu de «Je t’aime» sans qu’il soit saoul.
J’ai essayé de trouver des côtés positifs en lui parce que selon tout le monde, c’est important un père. Même si j’essaie de crier haut et fort que le mien m’ignore, ben je devrais juste l’aimer parce que c’est mon père. Comme si parce que je lui devais la vie, je lui devrais aussi tout ce que je suis. 

Aujourd’hui, dans ma jeune vingtaine, avec des enfants magnifiques et un père plus que formidable pour eux, je me demande souvent pourquoi je pourrais pas l’ignorer. Le sortir de ma vie, comme il le fait avec moi quand ça l’arrange. Je pensais que j’allais oublier avec le temps et pouvoir simplement le côtoyer de façon anodine, mais j’ai mal chaque fois. J’ai envie de lui crier de me prendre dans ses bras, de m’aimer pis de m’offrir son aide pour peinturer ma cuisine au lieu de le faire toute seule. Juste parce que c’est la seule activité père/fille que je suis capable de m’imaginer faire avec lui tellement il est distant…

Aujourd’hui, après avoir pensé que c’était moi le problème pendant près de 12 ans, je suis en réflexion. Je suis tellement heureuse avec la famille que j’ai construite, je ne sais pas pourquoi j’endure encore de me faire ignorer quand je veux tellement qu’il m’aime.

Aujourd’hui, je m’offre le choix de sortir mon père de ma vie, malgré tout ce que je lui dois, pour être plus heureuse encore.

Avez-vous eu à faire ce choix difficile dans votre vie? 

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