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30 jours de larmes pour avoir pensé à soi pour une fois
Crédit: Counselling/Pixabay
J’ai beaucoup de défauts et de travers, j’en suis consciente. Mais je sais aussi que je suis une personne altruiste. Le bien-être de ceux que j’aime est souvent ma principale source de motivation.
 
Cette nature bienveillante provient d’un mélange entre ma personnalité, mes valeurs, mais surtout de mon enfance. Fille aînée d’une grande famille, j’ai appris très jeune à être responsable et attentionnée. Même adulte, je m’aperçois que plusieurs de mes choix comportent leur part de considération pour mon entourage. Quand vient le moment de changer quelque chose, mes pensées se tournent autant vers ma famille, mes amis, mon employeur que vers moi. Mon bonheur se nourrit essentiellement de celui des autres.  
 
J’ai pris récemment une décision purement et entièrement égoïste. J’ai pensé à moi, faisant abstraction de l’impact que ce choix aurait sur mon entourage. Je me suis sentie audacieuse, forte, ce sentiment était grisant et vertigineux. J’avais besoin de me sentir vivante, compétente, déterminée. J’avais espéré ce défi – le chamboulement qui allait suivre – pour me prouver que j’étais capable d’y faire face. Pour une rare fois dans ma vie, la motivation de cette action n’appartenait qu’à moi.
 
Mais, on ne peut pas changer la nature profonde d’une personne, d’un simple claquement de doigts. Car depuis, je vis avec le poids de cette décision et de ses conséquences. Mes émotions sont en montagnes russes. Tantôt, je suis remplie de joie et avide de faire mes preuves. Ensuite, l’angoisse et le doute me font sauter un repas. La confiance me dit que le pire est passé. La nostalgie vient me bercer en m’envoyant des images de ce que j’ai laissé derrière moi. Et, en constante sourdine, la déception que je ressens envers l’attitude de certaines personnes. J’avais misé sur leur compréhension et leur affection, je crois que je me suis un peu trompée. Alors que, pour cette fois, j’ai pensé à moi un peu plus qu’à eux, j’ai le sentiment d’avoir mal agit.
 
Ce mélange d’émotions a miné mon énergie. Certains jours, je me sens épuisée, mais le repos n’est pas au rendez-vous. Alors, au plus fort de l’insomnie, une voix sournoise me murmure que le sommeil est l’ami du juste. J’en veux à cette culpabilité désolante, et la colère envers mes émotions négatives m’accompagne un moment, jusqu’à ce que je tombe enfin endormie.
 
Si seulement je pouvais être heureuse et confortable avec mon choix. Si j’arrêtais de penser aux autres, à leur jugement et à leur jalousie qui me rongent le cœur. Dès que je suis seule à ruminer mes pensées, j’ai cette boule douloureuse en travers de la gorge. Parfois, je le refoule au fond de moi, mais elle finit par sortir.
 
J’ai le cœur en miettes, alors que je devrais être fière de ma force, de mon audace, de ma détermination. Le courage est parfois si difficile.
 
Hier soir, j’avais la tête dans mon oreiller, en quête de solitude. Je pleurais pour une broutille parce que tout vient me heurter trop fort ces temps-ci. Mon amoureux est venu me frotter le dos. Il m’a laissé pleurer un bon coup, sans jugement. Quand je n’ai plus eu de larmes, il m’a dit : « Ne te rends pas malheureuse pour les autres, tu vaux tellement plus. J’ai besoin de toi. On a besoin de toi ».
 
Sans le savoir, il a réveillé l’altruiste en moi. Ce besoin coriace de me sentir utile, bienveillante, généreuse. Curieusement, ça m’a fait du bien qu’il me dise qu’il avait besoin de moi. J’ai réfléchi un moment encore, alors qu’il gardait sa main chaude dans mon dos, silencieusement. Ça faisait trente jours. Un mois de larmes et de tristesse. Il était temps que ça cesse, pour moi et pour les autres. Maintenant, il faut équilibrer ma balance entre altruisme et égoïsme. Entre reconnaissance et détachement. Entre bonheur et déprime.
 
Crédit : Giphy
 
J’ai traversé mon désert. Et cela m’a transformée. Mais ce choix a modifié quelque chose dans le cours de ma vie, plus que je n’avais imaginé au départ. Maintenant, je vais essayer de regarder vers l’avant. Je choisis le nourrir la force que j’ai plutôt que ma déception envers ceux qui ne la voient pas.
 
Ce que j’ai perdu, j’en ferai mon deuil. À moi maintenant de découvrir ce que je vais y gagner. 
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