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L’amniocentèse, ou l’attente interminable…
Crédit: Lukas Blazek/Unsplash

23e semaine de ma grossesse. Je suis là, habillée en mou, pis je tourne en rond. C’est une journée où le ciel a décidé d’être triste. Il verse les larmes qu’il me reste en dedans. J’attends, j’attends pis j’attends encore.
 
Il me faut cet appel pour me dire que tout va bien aller. Pour me soulager. Me rassurer. Mais peut-être que ça me soulagera pas. Ça va peut-être faire ben mal aussi je sais pas. Je sais pas, mais je continue d’espérer que ça sonne pour que je puisse recommencer à respirer.
 
L’attente a commencé il y a deux jours au moment où l’on devait faire notre première rencontre avec petite personne qui vit en moi. On n’était pas tant de bonne humeur parce qu’il était tôt pis qu’on n’est pas vraiment des lève-tôt, mais en dedans, on était contents pareil de la voir enfin, de la connaitre un peu. Pour le chum, cette rencontre c’était le concret expliqué de mes nouvelles courbes.

Pis là, ç’a dérapé, je le voyais ben. Celle qui nous montrait mon dedans reprenait sans cesse la même mesure en silence, celle du pli nucal. Elle nous a dit d’attendre le médecin.
Là j’ai su.

Le doc est arrivé, pis moi j’ai pleuré. Mon chum lui a été fort, mais je sais qu’en dedans y pleurait aussi.
 
On m’a dit que j’avais pas le temps pour les larmes, les décisions il fallait les prendre tout de suite. On avait pas le temps, il était déjà moins cinq pis le test pour déceler la Trisomie est long. On savait que les statistiques étaient encore de notre bord, mais on a décidé de faire le test quand même. Pour savoir.
 
Là, ben on attend. Pis ça finit pus. Pis ça fait mille ans qu’on attend même si pour vrai ça fait que deux jours. Ça va ben finir par sonner aujourd’hui ou peut-être juste demain. Pis quand ça va sonner, c’est là, tout de suite, qu’il va falloir décider si l’on va jusqu’au bout. Ou pas.
Le dedans nous déchire. On a pus le temps il faut décider.
 
Mon chum m’avoue qu’il pense pas être assez fort pour vivre avec ça. Pas toute sa vie.
Moi non plus je sais pas si je suis assez forte. Mais en tout cas je sais que je le suis pas assez pour nous deux.
On ne la gardera probablement pas, cette petite personne qui vit en moi.
Mais on saura comment nos coeurs prendront la nouvelle juste quand les résultats seront rentrés. J’imagine que ça peut changer? 

Ça fait tellement mal juste d’y penser.
Parce qu’on l’aime déjà.

J’ai eu l’appel ultime aujourd’hui. Les résultats préliminaires sont assez fiables pour que je puisse être moins tourmentée. Il reste 4 semaines d’infini pour avoir les résultats finaux. La possibilité de vivre avec un enfant-pas-comme-les-autres va résonner jusque-là. En attendant, on va s’accrocher à cette nouvelle, pis on va espérer fort. 
 
Un jour, on m’a dit que la grossesse c’était pas la promesse d’un bébé. J’ai freaké un peu pis j’ai oublié, parce que tout allait bien. Cette fois-ci je n’oublierai pas.
 

On t’attend mon ange. xx

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