Et si mes enfants étaient victimes d’intimidation, comme je t’ai fait subir… #PlusJamais
Anne-Marie PepinJ’ai toujours été moqueuse. Enfant, j’imitais mes professeurs, je tirais la moustache de mon père, j’inventais des «stand up» pour faire rire ma famille et mes amis, mais ça a toujours été très inoffensif. J’avais une personnalité forte, flamboyante, j’étais le genre de petite fille entourée d’amis à l’école comme à la maison. La solitude et le rejet ne faisaient pas partie de mon existence et le malheur des autres m’était pratiquement étranger puisque j’avais à peine conscience qu’il existait.
J’ai vécu ainsi dans l’innocence de l’enfance pendant 4 belles années scolaires. Un jour, j’ai voulu m’élever, grandir et faire comme tout le monde : j’ai ri de toi. Ce n’était pas de simples moqueries amicales, mais des attaques personnelles. Tout y passait : tes vêtements, tes cheveux, ton attitude, tes croyances. Si tu savais comme j’ai honte de moi, de nous, même 25 ans plus tard. Je t’écris aujourd’hui pour te demander pardon, à vouloir être comme tout le monde j’ai omis l’essentiel : le respect et l’amour.
Si je pouvais retourner en arrière, l’espace d’un bref instant, j’irais te prendre par la main, te serrer dans mes bras et te dire ces simples mots : «plus jamais». Plus jamais je ne te laisserai baisser les yeux, plus jamais je demeurerai silencieuse face à l’intimidation, plus jamais tu ne souffriras du rejet.
Si ça peut te rassurer, ma grande entrée à l’école secondaire m’a complètement métamorphosée, j’ai à mon tour été victime de railleries et j’ai compris la souffrance de l’exclusion. Je suis encore taquine, parfois pince-sans-rire, parfois «grasse», parfois songée, mais je t’assure que mes sentiments demeurent nobles. Je suis une grande sensible qui s’applique à rendre mon entourage heureux.
Maintenant que mes deux enfants fréquentent l’école, l’intimidation est ma pire angoisse. Et s’ils souffraient d’abandon eux aussi, s’ils en venaient à manger seuls à la cafétéria, à se cacher pour se protéger, à craindre le prochain matin? J’en serais anéantie, comme tu as dû l’être…
Je suis désolée. Plus jamais!
Est ce que vous ou un membre de votre famille a déjà été victime d’intimidation? Avez-vous déjà fait souffrir quelqu’un sans en comprendre la portée?