Aller au contenu
Le retour à la maison avec un premier bébé : «HOLY SHIT…»
Crédit: Paule Vermot-Desroches

Ça se passe comme dans un rêve. Comme dans un film.
La première fois qu’on sent bouger le bébé. La fois où l’on peinture sa chambre en rêvant à sa venue. Toutes les fois où, en se flattant la bedaine, on se berce dans ce beau fauteuil offert par les grands-parents qui trône au milieu de la chambre vide, mais déjà pleine d’amour.
 
Comme dans un film!
 
Et puis bang! Le médecin nous signe notre congé de l’hôpital et il est l’heure d’aller remplir cette chambre, d’aller tester ce berceau, pour vrai cette fois!
 
Je me souviendrai toujours du moment où l’on a franchi la porte. J’ai déposé la valise dans l’entrée, je t’ai détachée de ton siège d’auto, je t’ai déposée dans ton petit lit et…
 
J’ai pleuré.
Mais j’ai tellement pleuré là.
Pas de joie. Pas de peine. J’ai pleuré de panique. «HOLY SHIT! ON FAIT QUOI MAINTENANT?».

 
En te déposant dans ton berceau, en arrivant à la maison, j’espérais la concrétisation d’un rêve que j’attendais depuis longtemps. Mais pendant une heure, j’ai eu le pire vertige de ma vie!
Crédit photo : Paule Vermot-Desroches.

 

J’ai du lavage à faire. Je dois défaire ma valise. Est-ce que la petite a trop chaud? On va manger quoi pour le souper? Qu’est-ce qui arrive si elle arrête de respirer? Merde, le gazon est vraiment trop long. C’est tu moi ou c’est humide ici? Mon dieu, s’il fallait qu’un jour elle tombe dans une piscine et se noie! Est-ce que la température de l’air conditionné est correcte? La plante a besoin d’eau. Le chat n’a presque plus de bouffe. J’ai les cheveux sales, je vais aller dans la douche.
 
QUOI? Déjà l’heure du boire?
C’est ça ma vie maintenant? Essayer de ne pas virer folle entre deux boires?
 
Le pire clash de ma vie, je vous le jure. On ne nous l’avait pas appris dans les cours prénataux. Le Mieux vivre n’y consacre aucun chapitre. Nos amies qui avaient eu des bébés avant nous ne nous en avaient pas parlé non plus. C’est une société secrète ou quoi?
 
Évidemment, tout ça, c’est dans ma tête! Les foutues sacro-saintes hormones n’aidant en rien, la fatigue non plus. La réalité, c’est que la maison n’était pas si sale que ça, que la petite allait bien, que le chat avait en masse de bouffe et que le chum courait à droite et à gauche pour me faciliter la vie du mieux qu’il le pouvait.
 
La porte d’entrée s’est ouverte. C’était ma mère. Elle venait nous porter le premier repas de retour à la maison. Elle m’a trouvée dans cet état de déconfiture merdique, le bébé dans les bras, en train d’essayer d’allaiter entre deux sanglots.
 
J’ai hurlé tout ce que j’avais sur le cœur : le lavage, la plante, la bouffe du chat, le gazon, la tache sur le plancher, le lave-vaisselle bruyant, la canicule, la couverture pas assez légère, l’idée que je ne dormirais plus jamais de ma vie…
 
Elle m’a pris la tête entre les deux mains et m’a regardée avec toute la compassion dont j’avais besoin à ce moment-là. Puis, en pointant la petite, elle m’a dit une phrase que je n’oublierai jamais : «Ta job, maintenant, c’est elle! Le reste, on s’en fout». Je me suis tout de suite sentie mieux.
 
Ça fera bientôt deux ans et demi de ça. Je prépare tranquillement la venue de mon deuxième clash, qui devrait frapper en février. Espérons qu’il sera moins intense cette fois…
 
 
Le retour à la maison après le premier bébé a-t-il été à la hauteur de ce que vous aviez espéré?

Plus de contenu