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Allaiter unplugged : laisser tomber les applis pour mieux allaiter.
Crédit: Caroline Perron

C’était un peu devenu le scénario classique quand bébé no2 est arrivée : dès qu’elle avait faim, je la mettais au sein, papa m’apportait un grand verre d’eau froide et mon iPod. Bejeweled, Words With Friends, Candy Crush… et c’était parti.

Ça peut être long longtemps la têtée, à coups de 2 h sans arrêt. Alors, j’ai commencé à jouer à des jeux sans trop penser. De manière égoïste. Je trouvais ça plate d’allaiter, alors je voulais m’occuper. Ce qui était inoffenstif est devenu addictif. Matin, midi, soir. Dès que j’allaitais j’ouvrais un jeu et hop, c’était reparti. (Confession d’une real gamer : je jouais même la nuit.)

Crédit photo : Instragram Josianes
 

C’était chouette et ça faisait passer le temps sauf qu’un jour, j’ai réalisé que pendant que je jouais, le temps filais… Déjà que ça passe vite les premiers mois, là on aurait dit que j’avais accéléré les journées. Comme si j’avais cligné des yeux et hop! Le temps avait enfilé ses chaussures de course. 

Je me suis sentie tellement mal. Égoïste. Avec du recul, je donnerais n’importe quoi pour être de retour dans mon lit, maman et bébé, seuls au monde. Ce que je ne donnerais pas pour pouvoir ravoir ces petits moments précieux. 

Je ne pense pas que de jouer à des jeux a ruiné le contact avec mon bébé – on a un très beau lien et j’ai vécu une tonne d’autres moments incroyables en 16 mois d’allaitement. Toutefois, j’avoue que la technologie n’aurait pas dû se retrouver entre nous deux. C’était comme avoir un amant dans la face d’un amoureux. 

Par dessus tout, j’ai réalisé qu’en me connectant à mon téléphone (ou à mon ordinateur ou ma télévision), je déconnectais carrément de mon bébé, de notre relation. Je n’y participais pas à 100%, seulement mon sein était présent. Pourtant, l’allaitement c’est une communion, c’est un échange entre maman et bébé. Un moment tellement spécial, unique et éphémère. 

Crédit photo : Émilie Carotte
 

Au début, l’allaitement était tellement douloureux et c’était comme ma manière de «faire passer le mal». J’avais tellement hâte que ça arrête que du coup, j’oubliais que ça voulait aussi dire que je ne profitais pas du tout de cette période-là de sa vie, de notre vie.

Plus tard, c’est l’habitude qui a pris le dessus. Déjà que je passais mes journées à m’en occuper, on dirait que c’était plus fort que moi. Même si c’était devenu une distraction pour elle, je continuais à sortir mon iPod pour y jouer. La lumière, mes mouvements combinés avec le fait que mon attention était ailleurs faisait que c’était horrible de l’endormir.

Un jour, Papa est intervenu : «Tu sais, je pense que tu devrais l’allaiter et après faire tes affaires». 

« Ouais, mais c’est long… ouais, mais c’est plate… ».  Les excuses étaient nombreuses et pourtant, une part de moi savait qu’il avait raison. Jusqu’au soir où j’ai décidé de l’écouter. Couchée dans le lit, tranquille dans le noir et le silence, je l’ai allaité. En l’espace de 15 minutes, au lieu de 75, elle dormait à poings fermés. 

Et c’est là que j’ai revu les derniers mois dans ma tête… le coeur plein de regrets,  j’avais comme vraiment l’impression d’avoir volé quelque chose à ma fille, à moi-même.

Quel rôle technologie a-t-elle joué dans votre allaitement? Est-ce que vous croyez que la technologie a sa place dans l’allaitement?

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