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J’ai menti pour faire un bébé.
Crédit: fanpop/ Montage : Annie Nonyme

NDLR: «Toutes les démarches en clinique d’infertilité ont été faites au privé, et la collaboratrice TPL Moms n’a pas bénéficié du programme de remboursement offert aux couples infertiles.

Malheureusement, la vie d’une personne ne peut pas tenir sur une page, notre rédactrice est très sensible aux situations des autres et a toujours pensé que quelque chose clochait avec son système reproductif.»

Mon couple est une antiquité. Ça fait plus de quinze ans qu’on roule notre bosse. Pendant des siècles, je voulais des enfants, mais Monsieur n’était pas prêt et je respectais son choix. Puis, un jour nous nous sommes mariés et qu’il m’a officiellement dit GO!
 
Tout à coup, la switch « Tu m’as fait attendre assez longtemps, t’es mieux de me faire un kid DRETTE LÀ! » s’est actionnée! Je voulais vraiment que ça fonctionne tout de suite et j’ai mis toutes les chances de notre côté. Blogues, sites spécialisés sur la maternité, livres, forums, vidéos… j’ai tout lu, tout vu sur le sujet de la fécondation. J’étais obsédée! J’y suis allée pour les tests qui coûtent un bras pis une jambe, ceux qui te disent avec un bonhomme sourire que oui, tu peux fourrer maintenant, parce que c’est le bon temps pour procréer. Par-dessus le tas, je prenais ma température vaginale et j’ai mis en pratique tous les trucs de grand-mère.

Crédit photo :  Widescreen Wallpaper

Premier mois d’essais : full menstrue! J’ai braillé ma vie! Je venais de vivre un mégaéchec (dans ma tête) et j’en voulais presque, un peu, beaucoup à mon mari.
 
Deuxième mois : idem. La panique a encore monté d’un cran.
 
Troisième mois : jamais deux sans trois. C’est qui le cave qui a inventé cette expression de MARDE, vraiment chiante quand tu vis quelque chose de négatif?
 
Quatrième mois : je vis un mélodrame plus grand que nature.
 
Découragée, je me retrouve dans une clinique de fertilité, à bullshiter un médecin. La lèvre qui tremble, les yeux vitreux et le Kleenex au bord de la narine, je lui dresse un FAUX portrait des DEUX dernières années d’essais infructueux. J’ai menti parce qu’il m’était inconcevable d’attendre deux ans (la norme pour consulter) avant de savoir si nous étions stériles.
 
Husband et moi, on s’est tapé toute une batterie de tests. Au bout de trois mois, le diagnostic est tombé. Après avoir demandé à l’infirmière quel était le meilleur des films de cul dans la salle où il devrait bientôt éjaculer dans un pot, mon conjoint épais/drôle a appris qu’il pouvait se reproduire sans souci. De mon côté, lors d’une hystérographie, le spécialiste a mis énormément de temps avant de réussir à débloquer une de mes trompes. Il était fort possible que cette obstruction soit la raison pour laquelle je ne tombais pas enceinte, mais j’avais maintenant toutes les chances de mon bord. On me donnait une sorte de confirmation que nous n’avions pas fait ça pour rien.
 
En effet, le mois suivant, ça a collé. Si c’était à refaire, je n’hésiterais pas une seconde et jamais je ne regretterai d’avoir menti pour concevoir un bébé. 
 
Attendre deux ans avant de faire des tests pour savoir si on est infertile, n’est-ce pas une éternité?

***** Mise à jour 20/10/2014 *****

Chez TPL Moms, c’est moi qui gère les crises parce que j’en ai vu d’autres. Avec des textes parfois irrévérencieux publiés sur deux plateformes, ce n’est pas ma première gestion de crise.

Nous nous rendons compte que la publication de ce billet en a choqué plusieurs, et nous en sommes désolées. Cependant, puisque notre mission est d’offrir un espace d’expression aux mères, à toutes les mères, il nous apparaît essentiel de conserver ce billet sur notre blogue.
Cela dit, on vous a entendus et on vous présente nos excuses.

On comprend que la difficulté à procréer est une cause qui a besoin d’être connue par tout le monde et que « bypasser » le système, ce n’est clairement pas une pratique à encourager. Ce n’est gentil de la part de personne de faire passer sa souffrance avant celle des autres.

Chez TPL Moms, notre but, c’est de faire une place à toutes les réalités, même si elles sont loin des nôtres, même si on ne peut pas être d’accord sur tout. On a chacun un système de valeurs et il entre parfois en conflit avec celui des autres.

Je ne pourrai jamais comprendre entièrement la réalité d’un couple qui vit des difficultés à procréer. Parce que je ne suis pas passée par là. Mon chemin est différent, mais j’ai beaucoup d’empathie pour celles et ceux qui doivent vivre cette situation difficile.

TPL Moms est le fruit de la collaboration de plus de 60 femmes (et d’un homme!) aux vécus différents. C’est pour ça qu’on a créé notre site, pour parler de toutes les situations qui ne sont pas roses, pour montrer que la maternité, c’est pas une seule réalité, une seule façon de penser.

On a appris la leçon : l’expérience des couples pour qui il est difficile d’avoir un enfant est très différente de celle des couples fertiles. On vous en a parlé ICI, ICI, et ICI d’ailleurs. Et on continue d’aborder le sujet chaque fois que nos rédactrices ont envie de parler de la difficulté de procréer et de leur propre parcours.

Si on peut retenir une chose de vos commentaires, c’est qu’on ne fait pas un enfant quand on veut. Que le délai d’attente a sa raison d’être et qu’il ne faut pas minimiser son importance. Que nous n’endossons pas le fait de mentir pour passer plus vite, même si c’est fait au privé.

Par contre, si on peut se permettre en conclusion, c’est de dire qu’on ne connaît jamais complètement la situation de l’autre. C’est facile de juger sur 500 mots. Il y a peut-être des éléments qui ont été mis de côté pour des raisons éditoriales et qui auraient aidé nos lecteurs et nos lectrices à mieux comprendre la situation de notre Annie Nonyme.

Merci de votre compréhension et nos sincères excuses.

Josiane Stratis, rédactrice en chef, co-fondatrice.
 

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