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YOLO Pikler : parce que mon enfant n’est pas un numéro!
Crédit: Jean Philippe Morin

Je travaille en Centre de la petite enfance depuis presque 10 ans. Pis souvent, trop souvent, j’entends les nouveaux parents dire qu’ils hésitent à envoyer leur enfant dans un service de garde parce qu’ils croient que leur bébé d’amour sera traité comme un numéro.

Quand les gens pensent CPE, particulièrement quand il est question de pouponnière, c’est la routine qu’ils s’imaginent. Ils pensent cinq enfants cordés au mur sur l’heure du dîner, tous en train de manger en même temps. Ils voient aussi des enfants qui pleurent et qui sont frustrés. 

Que nenni, chers nouveaux parents à l’affût d’une bonne personne pour prendre soin de votre héritier lorsque vous vaquez à vos occupations professionnelles! Une approche très intéressante prend d’assaut des pouponnières et des services de garde du réseau depuis quelques années. 

Je vous parlais ici de la motricité libre, une technique par laquelle on pousse l’enfant à se développer en ne le contraignant pas, et en ne le plaçant pas dans des positions anatomiquement restrictives. Eh bien, la principale penseuse derrière cette approche, Emmi Pikler est aussi l’instigatrice d’une approche bien spécifique qui peut sembler curieuse au premier abord, l’approche Piklerienne. 


Cette chère Emmi
Crédit: Institut Pikler Lóczy

 

Pikler met de l’avant que la routine est importante en service de garde (bon OK, elle avait fait ses travaux en orphelinat en Hongrie), mais que le lien sécurisant entre l’enfant et l’éducatrice l’est encore plus. Donc, on met de côté une routine pour favoriser les liens profonds. 

Moi, je trouve que ça a ben du sens. De plus en plus de CPE font le choix de se centrer sur le rythme de l’enfant, souvent spécifiquement en pouponnière, en calquant ce qui se fait à la maison avec les parents. On recrée la routine de la maison tous les jours. 

Comment bébé boit-il son lait? Est-ce qu’on l’endort en le berçant ou simplement en le flattant? Dîne-t-il plus tard parce que c’est un lève-tard? Les modulations de l’horaire sont infinies. Nous avons, à l’entrée de monsieur V au CPE, reçu une visite de l’éducatrice à la maison afin qu’elle puisse se nourrir de notre relation avec notre loup afin d’offrir les soins appropriés lorsqu’il sera avec elle. C’est-y pas beau ça? C’est-y pas rassurant ça?

Ce qui est extraordinaire dans tout ça, c’est de voir de plus en plus de services de garde qui, plutôt que d’offrir une collation à 9 h 15, vont laisser les fruits à disposition des enfants tout au long de l’avant-midi. Après tout, sérieux, si je déjeune à 5 h je n’aurai pas faim à la même heure que ma voisine qui a fini sa toast à 9 h! Si on fait la DME à la maison, certains CPE pousseront même l’expérience entre leurs murs!

Crédit : Vanessa Giguère

Je vous entends déjà dire : « Oui, mais JP! C’est l’anarchie sans routine ». Ce qui est formidable là-dedans, c’est qu’en plus, les enfants apprennent à gérer les temps d’attente de façon hallucinante quand on respecte leur propre rythme.

Cessons de rusher et de stresser nos cocos en service de garde, guys. Après tout, ça va faire quoi concrètement dans sa vie qu’il se lave les dents à 13 h au lieu d’à 12 h 30? Hein? Sérieusement?

Qu’est-ce qui vous rassure lorsque vous allez porter votre cher héritier au service de garde?

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