J’ai lu ton article, t’sais celui que tu commences en disant n’avoir jamais violé personne.
Manifestement, ta définition de viol est tellement erronée, que même si tu avais commis une agression, tu ne serais probablement pas capable de l’admettre. Je vais t’aider : voici la définition du viol, telle qu’on peut la lire dans le dictionnaire. Un viol, c’est un acte par lequel une personne est contrainte à un acte sexuel, généralement par la force.
Tu es un homme éduqué. Tu as une tribune que plusieurs tueraient pour avoir. Et tu t’en sers parfois brillamment, d’autres fois de façon très discutable. Je t’ai lu ce matin, et j’ai compris que l’éducation n’apporte pas nécessairement la finesse, les bons mots, la compassion. Tu n’as peut-être pas laissé balader tes mains sur le corps de quelqu’un sans son consentement, mais tu les as manifestement laissé balader sur ton clavier sans réfléchir à l’impact que les mots que tu rédigeais auraient sur les TROP nombreuses victimes d’agressions. Parce que oui, le mononc’ qui touche sa nièce sans que ça lui tente à la petite, ben il l’agresse, pis oui, il la traumatise pour la vie. Ses taponnements viennent avec des menaces. Ces menaces apportent de l’anxiété, pis les dommages vont au-delà du pognage de fesses.
T’aimes pas les dénonciations d’hommes un par un, pas plus que la dénonciation de l’Homme en général. Va falloir te brancher : soit on est tous dans le même grand panier, soit on peut dénoncer l’individu sans bombarder l’ensemble. C’est un ou l’autre. Logique de même!
Tu parles de thérapie collective, et je vais te féliciter pour le seul bon coup de ton article, même si tu l’as selon moi mal utilisé : dénoncer, parler, s’ouvrir, même si ce n’était que sur Facebook, Twitter ou à sa mère, ben c’est le premier pas vers la guérison. Quand on verbalise l’agression, quand on en parle, ça devient tellement réel qu’on ne peut plus essayer de se convaincre soi-même que c’est pas grave, pis que ça s’est pas réellement passé.
T’as de toute évidence jamais couché avec une fille qui t’a dit, en plein quand vos rapprochements devenaient le fun, d’arrêter parce que ça lui rappelait des mauvais souvenirs, qu’elle ne pouvait pas continuer parce que les flashbacks étaient trop intenses. Même quand t’as pas violé personnellement quelqu’un, t’en subis les dommages collatéraux.
Je vais m’arrêter ici, parce que j’ai les yeux pleins de rage, pis que j’aime mieux profiter de ma journée avec ma fille que de m’engueuler virtuellement avec un homme aux idées de vieux dinosaures. Ah oui, pis la prochaine fois que t’écriras sur les femmes, arrête-toi deux secondes et demande-toi si ton avis changerait pas un tantinet si au lieu de traiter de ce qui est arrivé à la Femme, tu transposais ça à ta fille. Si ta fille, celle que tu as conçue, élevée et aimée, se faisait agresser par un mononc’, en l’occurrence peut-être même ton frère, t’aurais pas le goût que justice soit faite? Si son directeur d’école l’avait accotée contre son bureau et l’avait forcée à lui sucer la banane, tu en rirais ce matin?
Moi, j’ai été agressée, j’ai été violée. Mais je ne t’en parlerai pas, parce que je ne voudrais pas me plaindre inutilement, t’sais.
Ma fille a malheureusement des chances d’être victime de mauvais traitements sexuels tôt ou tard. Pis c’est pas en lisant des articles comme celui de ce matin que je vais m’endormir moins inquiète pour elle le soir. L’éducation sexuelle, des filles ET des garçons, ça, c’est un débat qui vaut ta tribune. Mais c’est pas celui-là que t’as choisi.
Bye, là, Monsieur Foglia.
Ah oui, aussi, j’aurais voulu te vouvoyer, mais j’ai pas trouvé assez de respect dans tes propos pour mériter que je me donne tant de mal.