De plus en plus, ma mère manque des chiffres. Elle va manquer les 19 ans de ma sœur. Elle a manqué mes 22 ans et elle a manqué ses 50 ans à elle.
D’un coup, le 12 mars dernier, tout a basculé. Nous n’avons rien compris, nous ne comprenons toujours pas. Pourquoi elle. Pourquoi ce morceau de mal dans sa tête a cédé et a causé une rupture d’anévrisme. Pourquoi ma sœur et moi devons grandir sans mère, alors que nous commencions tout juste à apprécier tout ce qu’elle faisait nous? Pourquoi mon père a dû perdre la femme de sa vie?
Y’a rien à comprendre, parait-il. J’ai beau chercher des réponses, lui en demander, rien. J’ai beau essayé d’avancer, rien non plus. Ça prend du temps, ça a l’air. Le temps compte plus, le tourbillon de nuages vrille et j’essaie de m’accrocher, de la retrouver au moins en parcelle dans un parfum, une photo, une voix. Ce n’est jamais vraiment elle. Le nuage est dense, mais le soleil sort, parfois. Quand je pense à elle et que ce n’est pas aussi amer qu’avant. Les vagues restent et resteront, parfois ce sera plus difficile.
Et là, ce sont les Fêtes. Ces mêmes Fêtes qu’elle avait toujours orchestrées de la plus belle manière.
Maman, on va célébrer pour toi, toi qui aimais avoir tout ton monde à tes côtés. Toutes les fêtes, les anniversaires, les rencontres, les voyages, les moments doux et les forts. Nous les gardons en mémoire pour toi. Nous reconnaissons bien que certains moments, tu es là et tu veilles, tu arranges les choses pour le mieux ou le moins pire, tu interviens et tu accordes. Tu chantes avec le vent, tu souffles les vagues, tu réchauffes le soleil. Et pour le reste, ne t’inquiète pas. Tous les souvenirs que tu ne peux plus accumuler, nous les gardons pour toi. Pour te les redonner en te revoyant.
Nous allons célébrer pour toi.
Joyeuses Fêtes, et aimez vos proches le plus fort possible, parce qu’on ne sait jamais ce qui nous attend dans le détour.