Ça tombe t’y bien, v’la un conte de veille du Jour de l’An, à 3 jours d’la veille du Jour de l’An. Presqu’arrangé a’ec le gars la fille des vues.
La Chasse-Galerie, c’est mon conte traditionnel québécois préféré. J’en aime le titre (Chasse-Galerie, c’est beau!), l’histoire (alcool et pacte diabolique, c’est gagnant), les antihéros, ces bûcherons vinifiés (ou plutôt « jamaïqués »).
En cherchant une version, pour enfants (que je voulais raconter aux petits de l’école de Mister Lapin), j’ai fait commander, chez Raffin, la version BD de Vanoli1.
Constat #1
Ce n’est pas une version pour les petits de 5-6 ans! Disons plutôt pour ceux de 9 à 99 ans!
Constat #2
A-TA-BOY! Je suis en amour! C’est, sans exagération, la plus belle version du conte (graphique inclus) qu’il m’ait été donnée de lire.
Le bédéiste, Vincent Vanoli
C’est un Français qui a adapté ce conte trad’ québécois, tellement bien que j’étais certaine qu’il était Québécois lui-même. Ben non! Il vit et est prof à Mulhouse, en France. Mea culpa. J’avoue mon préjugé.
L’adaptation du texte
La narration est intelligente et rythmée. Vanoli joue sur 3 niveaux narratifs (3 époques de narration): celle du narrateur – un homme bien imbibé d’alcool, persuadé d’avoir vu la Chasse-Galerie, celle de Joe le cook, vieux, et celle de Joe le cook, jeune. Il passe d’un narrateur à l’autre sans avertissement et les fait même cohabiter. C’est agréablement étourdissant.
Son adaptation libre du conte d’Honoré Beaugrand joue avec les références à la version originale. Et, même si je connais l’histoire PAR COEUR, j’ai été surprise par certains rebondissements. Je ne vous vole pas le punch, mais je vous tente (comme le Diable) en vous disant que le conte se termine en empruntant à un autre conte de Beaugrand! Vous êtes curieux là, avouez! Faudra l’acheter! Clin d’oeil! Clin d’oeil!
Et visuellement…
Le dessin de Vanoli est vivant… dansant. À force d’observer, j’étais persuadée d’avoir vu les personnages bouger, et ce, bien à jeun. J’vous jure! Aussi, le physique grotesque (dans le vrai sens du terme) et inquiétant des personnages devient presqu’une représentation métaphorique de l’histoire racontée.
Crédit: Emilie Sarah Caravecchia
La version que je me suis procurée est une réédition de celle parue pour la première fois en 2000.