Maudite épidurale, l’histoire de Paule : quand la solution devient le problème
Paule Vermot-Desroches Faisons tout de suite le point: je ne ferai pas le procès d’une méthode d’accouchement ou d’une autre. Je prône le libre choix et surtout l’absence de jugement. J’ai choisi d’accoucher à l’hôpital. J’ai adoré mon suivi médical et le travail exceptionnel des infirmières. Je m’y suis toujours sentie respectée et épaulée.
Mais comme plusieurs, la vie n’en avait rien à foutre de mon plan de naissance. Et aujourd’hui, je ferais quelques choix différemment.
C’était en pleine canicule de la fin juin. Juliette avait dix jours de retard lorsque le médecin a tenté une première approche pour provoquer l’accouchement. C’était comme si mon corps attendait la détonation pour partir, parce que ça ne s’est pas fait attendre.
Du coup, je suis passée de on-fait-quoi-ce-soir-chéri à des contractions intenses et aux deux minutes. Et cette endorphine qu’on me promettait comme arrivant naturellement au fil des contractions qui se rapprochent, je n’ai pas eu la chance d’en avoir une bonne dose.
Au bout de cinq heures de douleur, l’épidurale, je l’ai demandée, je l’ai suppliée. Elle qui devait m’assurer un temps de repos. Mon cerveau ne répondait plus, je voulais simplement cesser d’avoir mal.
« On peut te la donner. Mais si tu ne la prends pas, tout est fini dans moins de 30 minutes. C’est comme tu veux ». Je m’en sacre! Je ne réfléchis plus. Je ne suis plus lucide, je la veux.
Mais voilà, tout a arrêté à ce moment. Plus de douleurs, des contractions dont je n’avais plus conscience et une équipe médicale qui me disait qu’il était maintenant temps de pousser.
– Ok, je vais pousser!
– Ben oui mais pousse!
– Je pousse, là!
– Ok, va falloir faire plus que ça.
Le bébé, déjà engagé, n’avançait pas de façon optimale. Sur le moniteur, le rythme cardiaque a baissé dramatiquement. 100, 90, 80, 75… Il n’y avait plus de temps à perdre. Sortez-la, c’est tout ce qui compte!
Tout y est passé : ventouse, forceps et tous les dégâts que ça laisse. Dès sa naissance, je n’ai pas eu la chance de la tenir sur moi pour ses premières minutes de vie. Elle a été sous observation pendant trois heures, beaucoup trop loin de mes bras et de mes câlins.
Juliette n’a subi aucune séquelle de cette décélération cardiaque. Heureusement! Moi, j’en ai eu pour huit mois de rééducation périnéale avant de revenir à une vie sensiblement normale.
L’absence d’épidurale aurait-elle changé quelque chose? Aucune idée. Mais je me doute que ça n’a pas aidé.
À quelques semaines de mon deuxième accouchement, je multiplie les lectures et les démarches pour arriver à apprivoiser la douleur et ne pas demander de nouveau l’épidurale. Ne serait-ce que pour être la première personne qui tiendra ma petite Simone dans ses bras.
L’épidurale est-elle devenue votre meilleure amie ou votre pire ennemie durant l’accouchement?