J’habite l’étage du milieu d’un triplex mal isolé. J’ai le syndrome du locataire du milieu. Si je jouais de la guitare, je pourrais me servir des murs comme amplificateurs. J’ai ni le privilège de marcher fort à ma guise, ni le silence au-dessus de ma tête.
Au-dessous de nous, une petite famille avec deux jeunes enfants. Nous les entendons, c’est normal, ce sont des enfants, pas des bibelots. Nous faisons attention de ne pas les déranger. Tout un défi avec deux enfants su’l Red Bull, deux chiens maladroits et une pâte phyllo en guise de plancher. Chez nous, « marche moins fort ! » a détrôné « ramasse tes jouets » de sa première place. Nous faisons courir les chiens dehors. Nous ne nous adonnons pas à la claquette. Nous changeons de position si le lit grince trop. #SalutMaman
Bref, nous faisons attention.
Sauf que des fois, je suis aux toilettes les bobettes à terre et Fiston décide de tester la robustesse de la télécommande à la manière de Bam-Bam sur le bois-franc. Pis des fois, mon matou de soixante-dix livres court se cacher en apercevant l’aspirateur. J’ai une pensée pour mes voisins chaque fois que Fiston « échappe » son gobelet du haut de sa chaise.
En attendant d’avoir notre maison de campagne, nous sommes conscients qu’il faut vivre avec la réalité d’avoir des voisins et nous essayons d’être à la fois accommodants et compréhensifs.
Pis là, il y a notre voisine d’en haut.
Elle et nous, nous avons un synchronisme culinaire-sexuel assez impressionnant. Nous mettons la table, elle s’envoie en l’air. C’est systématique. Les premières fois, c’était cocasse. Nous inventions des explications farfelues sur la nature du bruit. Nous sommes de fermes croyants en l’importance d’une vie sexuelle saine et active. Mais à la longue, c’est devenu moins drôle.
À table, à l’apothéose de la symphonie des springs de sofa, la fille de mon chum, sept ans, s’exclame :
« Les voisins d’en haut scient ENCORE du bois ! »
Ma voisine a une taille de guêpe mais marche avec la vigueur d’une ruée de bisons. Elle aime sa musique forte et pense que le détecteur de fumée est une bébelle qui t’avertit quand ta bouffe est prête. Elle lance théâtralement les effets de sa dernière flamme dehors, au milieu de la nuit, en s’assurant que tout être vivant à portée de voix sache pourquoi. Si on faisait un film sur sa vie, elle serait incarnée par Jack Nicholson en leggings léopard.
Nous avons essayé de lui parler poliment, calmement, clairement, de déposer une plainte officielle. Rien à faire. La semaine dernière, elle a réveillé les deux enfants au milieu de la nuit en se faisant « inspecter la plomberie » par ce qui semblait être une équipe de football en entier. Encore « guerlot » de mon souper des fêtes, j’ai sorti un papier et un feutre et je lui ai écrit une lettre.
Je l’ai félicitée de se remettre si activement de sa récente rupture. Je lui ai rappelé notre existence. Je lui ai expliqué que notre santé mentale dépendait du sommeil nocturne des p’tits. Et j’ai conclu en lui suggérant la douche, le plancher et autres options moins polies comme alternatives pour son sofa qui hurle son désarroi au moindre mouvement.
Depuis, elle fait beaucoup plus attention et tout le monde s’en porte mieux.
Avez-vous déjà réglé des problèmes de voisinage de manière inusitée ?